La période pandémique aura été moins cruelle pour les musiciens que pour les comédiens. Pas les musiciens d’orchestre, les artistes lyriques et les choristes réduits à des distanciations peu propices au travail de fosse ou de scène. Mais les solistes, qui ont pu s’exprimer dans des salles vides devant micros et caméras relayant leurs récitals Internet à de plus vastes publics que la jauge habituelle des salles où ils se produisent.
Une des expériences les plus intéressantes aura été le week-end consacré par France Musique aux Sonates et Variations pour piano de Beethoven par neuf jeunes pianistes français réunis autour de François-Frédérique Guy, un marathon joué en direct dans l’Auditorium de Radio France, qui a permis (et permettra encore, les concerts ayant été filmés) à des milliers d’auditeurs de découvrir ces interprètes et certaines de ces sonates moins connues (francemusique.fr).
Dès le début de la généralisation de la pandémie en Europe, nombreux sont les festivals de musique qui ont annoncé l’annulation de leur édition estivale. D’abord les « grands » qui impliquent orchestres, opéras et interprètes et publics internationaux. Salzburg, Verbier, Bayreuth, Mörbisch, Aix-en-Provence et bien d’autres. Puis certains ont adapté la programmation initiale pour satisfaire un public moins nombreux, comme Salzburg, qui programmera quelques concerts, ou Ravenne.
Aix-en-Provence existera virtuellement avec la rediffusion de spectacles phares d’éditions passées, des concerts donnés en direct et une grande activité sur sa chaîne de diffusion numérique, sur Arte et France Musique, comme si le Festival se déroulait normalement (jusqu'au 15 juillet, diffusion gratuite, festival-aix.com).
Consacré au piano, le festival de La Roque d’Anthéron a pour sa part décalé ses dates et, du 1er au 21 août, bénéficiant du cadre exceptionnel du parc du Château de Florans, multipliera les concerts (3 par jour), à jauge adaptée aux recommandations sanitaires du moment, avec quasi uniquement des musiciens français (festivalpiano.com, tarif unique de 30 € en journée et 40 € en soirée).
D’autres manifestations se sont également adaptées à ce défi nouveau, comme le Festival des Forêts, Piano au Touquet, Musique en Dialogue aux Carmélites, Piano aux Jacobins à Toulouse, le Biarritz Piano Festival et le Temps d’aimer la Danse à Biarritz, les Chorégies d’Orange, le Festival du Périgord noir, celui de Royaumont, l’Août musical de Deauville, Musica à Strasbourg, Les Nuits de la Citadelle à Sisteron, le Mid Summer Festival du Château d’Hardelot, l’Académie d’été de l’Orchestre des Jeunes du Centre à Tours…, la liste n’est pas exhaustive. Moins heureux, le festival post-confinement organisé par l’Opéra de Dijon avec l’Ensemble Les Dissonances a dû être annulé, car un cas de Covid-19 a été diagnostiqué parmi ses participants.
Difficiles prévisions
Certains théâtres lyriques adaptent leur programme de rentrée face à la possibilité d'une deuxième vague de la pandémie ou parce que les spectacles prévus n’ont pu être montés. C’est le cas de l’Opéra de Genève, qui remplace le « Turandot » à grand spectacle par une plus modeste « Cenerentola », et du Capitole de Toulouse, qui remplace « les Pêcheurs de perles » par une production de « Cosi fan Tutte » empruntée à l’Opéra de Drottningholm.
L’Opéra national de Paris a subi de plein fouet plusieurs crises (les week-ends des Gilets jaunes, les grèves contre les lois Travail et la réforme des retraites et enfin le Covid 19), qui ont entraîné l'annulation de 83 représentations. Les dettes en cette fin de saison sont estimées à 45 millions d’euros, avec un fonds de roulement quasi inexistant. Le directeur sortant Stéphane Lissner a préféré écourter son mandat et partira à la fin de l'année (au lieu de la fin de la saison 2020-2021), pour laisser les mains libres à son successeur l’Allemand Alexander Neef, 46 ans, actuel directeur de l’Opéra de Toronto (dont la date d'arrivée est incertaine). Et pour sauver une partie de la première saison de son successeur, il a avancé des travaux prévus fin 2021 à l’automne 2020. Le Palais Garnier ne rouvrira donc qu'en janvier et Bastille en décembre.
En attendant, Philippe Jordan, qui va quitter Paris pour l'Opéra de Vienne, dirigera les 13 et 14 juillet deux concerts solidaires au palais Garnier, en hommage au dévouement et au courage du personnel soignant et de tous ceux qui ont œuvré en faveur de la collectivité (diffusion en direct des deux concerts sur la page Facebook et la chaîne YouTube de l'Opéra, diffusion en direct du concert du 14 sur France Musique).
Les autres théâtres lyriques et salles de concert ont envoyé leur programme pour la nouvelle saison. Mais l'incertitude sur les règles sanitaires qui seront alors appliquées ne facilite pas les réservations et achats d’abonnements. La rentrée de septembre nous permettra de refaire un état des lieux.
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