« La Douleur », publié par Marguerite Duras en 1985, est inspiré des « Cahiers de la guerre », le journal qu'a commencé à tenir l'écrivaine en juin 1944 lorsque son mari Robert Antelme, résistant, a été arrêté. La douleur, c'est celle de l'attente, mais aussi de l'ambiguïté des sentiments et des émotions, revus et reconstruits quelque quarante ans après les avoir vécus.
Emmanuel Finkiel, dont on avait apprécié le très beau « Voyages » (1999), évoque parfaitement la complexité du vécu de Marguerite. À travers ses relations troubles avec l'agent français de la Gestapo qui pourrait lui venir en aide ou le soutien discret que lui apporte un autre membre du réseau de Résistance, Dionys Mascolo (son amant qui deviendra son deuxième mari).
Sans se noyer dans les détails de la reconstitution historique, le film restitue l'atmosphère de l'Occupation puis celle de la Libération, avec les débordements de joie populaire contrastant avec l'angoisse mortelle de Marguerite.
Ce n'est pas le portrait de l'auteure Duras, mais celui d'une femme qui souffre et qui vit de sa douleur, dans une époque. Un voyage intérieur qu'incarne magnifiquement Mélanie Thierry, bien entourée par Benjamin Biolay et Benoît Magimel.
D'un Nobel à l'autre
Enfant, Marie Noëlle rêvait de se « dévouer à la science et Marie Curie était (son) modèle ». Après une longue carrière, commencée dans les années 1980 (dont des films coécrits et coréalisés avec le cinéaste allemand Peter Sehr, décédé en 2013, qui fut son mari, et « la Femme de l'anarchiste », primé en Allemagne), elle fait revivre dans « Marie Curie - La bataille de la connaissance » cette « femme remarquable » et « son combat pour la reconnaissance de son travail ».
D'un prix Nobel à l'autre (physique en 1903, avec Pierre Curie, partagé avec Becquerel, chimie en 1911), d'un homme à l'autre (son mari Pierre, qui meurt accidentellement en 1906, Paul Langevin, avec lequel elle a une liaison qui fait scandale), le film se concentre sur ces années ou Marie doit tout mener de front, famille (avec deux filles), travaux scientifiques et bataille pour obtenir postes et moyens contre un milieu très misogyne.
Marie Noëlle, qui a pu accéder notamment aux écrits originaux de Marie Curie, schématise les grands moments de la carrière de la chercheuse (réception du Nobel, isolement du radium, candidature à l'Académie, rencontre avec Einstein…) et les encadre de scènes intimes. Ces dernières, fleuries et colorées, sauf au moment de la mort de Pierre, font parfois penser à des romans photos, une esthétique qui n'a rien de féministe.
La Polonaise Karolina Gruzka allie comme il le faut fragilité et force et est efficacement soutenue par Charles Berling et l'acteur belge Arieh Worthalter. Reste à savoir si les jeunes filles d'aujourd'hui ont envie de suivre le modèle.
Le sucre caché
Acteur australien qui signe son premier long métrage, Damon Gameau a payé de sa personne pour dénoncer les dangers du sucre ajouté dans les aliments et les agissements de l'industrie agro-alimentaire qui les nie.
Pour « Super Size Me », Morgan Spurlock ne s'était alimenté pendant un mois que chez Mc Do. Pour « SugarLand », Damon Gameau, alors âgé de 38 ans et qui ne mangeait que des produits frais et préparés maison, s'est astreint pendant deux mois à consommer chaque jour via des produits industriels l'équivalent de 40 cuillères à café de sucre. Sans absorber davantage de calories qu'auparavant (2300 par jour) et sans se gaver de sodas, gâteaux et sucreries.
Menée sous surveillance médicale, l'expérience manque de rigueur scientifique mais son résultat est sans appel : stéatose hépatique au bout de trois semaines, prédiabète, risques cardiovasculaires et tour de taille augmenté de 11 cm. Qu'on se rassure : Damon a retrouvé rapidement sa santé et sa ligne en reprenant son régime antérieur.
Outre la démonstration personnelle, Damon Gameau se livre à une enquête, qui le mène jusqu'au pays de la malbouffe, les États-Unis, à la rencontre de scientifiques, experts ou « victimes », comme ce jeune homme qui n'a quasiment plus de dents pour avoir trop bu d'un certain soda. Le sujet est grave mais le récit est monté comme une comédie, avec des séquences animées et des scènes burlesques. Un divertissement sucré-salé, en somme.
Et aussi
À ne pas manquer, « Pentagon Papers », de Steven Spielberg, pour le récit du courageux combat de Katharine Graham (Meryl Streep), la patronne du « Washington Post », et de son rédacteur en chef Ben Bradlee (Tom Hanks), en 1971, pour publier des documents secrets montrant les mensonges de l'administration américaine sur le Vietnam.
Dans « The Greatest Showman », Hugh Jackman incarne, chansons à l'appui, P. T. Barnum, le créateur d'un cirque qui deviendra célèbre dans le monde entier. Dans « The Passenger », Liam Neeson est au centre d'un suspense très mouvementé dans un train. Dans « Hannah », Charlotte Rampling, prix d'interprétation au festival de Venise, est une femme très solitaire après l'arrestation de son mari.
DJ et médecin, Vincent Attalin a électrisé le passage de la flamme olympique à Montpellier
Spécial Vacances d’été
À bicyclette, en avant toute
Traditions carabines et crise de l’hôpital : une jeune radiologue se raconte dans un récit illustré
Une chirurgienne aux nombreux secrets victime d’un « homejacking » dans une mini-série