LE CINÉASTE iranien Mohammad Rasoulof, 37 ans, préférerait qu’on ne parle que de son film et pas de ce qui l’entoure, les circonstances de sa réalisation. « Je veux être considéré comme un cinéaste qui exerce tout simplement son métier », dit-il. Mais en décembre 2010, comme son compatriote Jafar Panahi, il a été condamné à six ans de prison, accusé de propagande hostile au régime. Dans l’attente du procès en appel, il a pu réaliser « Au revoir », dans la semi-clandestinité. Il n’a pas été autorisé à se rendre au festival de Cannes, où son film a reçu le prix de la mise en scène de la sélection Un certain regard, mais a pu venir à Paris, au début du mois de septembre pour la sortie sur les écrans français.
« Au revoir », en racontant le quotidien d’une jeune avocate qui cherche à quitter le pays, montre le climat d’oppression qui règne en Iran. La jeune femme, incarnée par Leyla Zareh, est interdite d’exercice. Elle est seule, son mari, journaliste, vivant dans la clandestinité. Enceinte, inquiète des résultats d’une échographie.
Et essuyant refus après refus, faute d’être accompagnée par un homme.
Rasoulof ne quitte pas son personnage, toujours voilée (en Iran, on n’a pas le droit de filmer une femme non voilée), dans sa solitude domestique et dans ses démarches vaines, dont on voit rarement les interlocuteurs. On ressent ainsi l’enfermement intérieur subi par cette femme courageuse. Si le récit est sobre, le film est enrichi par le jeu des couleurs, sombres, la mise en scène des espaces fermés, et la bande-son qui porte les échos de l’extérieur.
« Le regard politique ne convient pas aux histoires que je raconte, dit encore Rasoulov. Mais dans un régime totalitaire, chaque réaction, chaque critique est considérée comme un geste politique. » Cinéaste militant, Rasoulov ? Militant, peut-être pas au sens où on l’entend en Occident. Cinéaste, très certainement.
DJ et médecin, Vincent Attalin a électrisé le passage de la flamme olympique à Montpellier
Spécial Vacances d’été
À bicyclette, en avant toute
Traditions carabines et crise de l’hôpital : une jeune radiologue se raconte dans un récit illustré
Une chirurgienne aux nombreux secrets victime d’un « homejacking » dans une mini-série