* Allons du côté des heures souriantes. Du côté des contes. Au Vieux-Colombier, les plus jeunes, mais aussi les adolescents, comme leurs parents ou grands-parents, sont enchantés par l’adaptation scénique de « la Reine des neiges, l'histoire oubliée ». On peut avoir des réserves sur la manière dont Johanna Boyé, qui signe également la mise en scène, et Elisabeth Ventura, transposent l’histoire troublante écrite par Hans Christian Andersen. En effet, on efface ici le combat du bien et du mal, ancré dans le fonds chrétien qui irriguait le cœur et les pensées de l’écrivain. On va du côté de questions qui peuvent apparaître plus actuelles : le féminisme, l’écologie, par exemple. Mais ne nous effarouchons pas. Le génie d’Andersen, qui fut autrefois si audacieusement incarné par Robert Lepage, est bien trop puissant pour être amoindri par les « lectures » de l’air du temps. Et l’on peut goûter avec un grand bonheur ce spectacle, car il est nourri de charme, de beauté, de poésie. Et, surtout, porté par les talents rayonnants de la troupe de la Comédie-Française. La magie inonde immédiatement le plateau, avec la scénographie colorée, légère, mobile de Caroline Mexme, les costumes extraordinaires de Marion Rebmann, sublimés par les lumières de Cyril Manetta. Tous les interprètes, de la merveilleuse Danièle Lebrun à la toute jeune Léa Lopez, ne se contentent pas d’un rôle. La première est la grand-mère et narratrice, mais ne la ratez pas en Petit Troll des champignons ! À ses côtés, voici Gerda, l’héroïne qui part à la recherche de son ami Kay, que dessine avec douceur Adrien Simion, mais elle aussi est un Troll… L’un des grands plaisirs du spectacle est là : dans la diversité des rôles. À ce jeu, Suliane Brahim, Reine des neiges, est épatante en princesse Lunettes, Troll, Sorcière, etc. Elisa Erka partage en alternance ces rôles. Et il y a une star dans le spectacle : une Corneille souveraine qui possède le grand art de Jérôme Pouly, qui est aussi le Grand Troll et un Renne très sympathique, entre autres ! Bref, les réserves se dissipent comme givre au soleil devant tant d’esprit et d’enfance. Comme pour tous les spectacles qui concernent le jeune public, il existe un livret spécifique. (Jusqu’au 8 janvier, durée 1 h 40, texte publié par « L’Avant-scène Théâtre », 16 €, comedie-francaise.fr)
* Dans un autre genre, dégustez entre amis l'hommage fin et délié à Jean-Loup Dabadie. Il n’usurpait pas sa place au sein de la compagnie de l’Académie française. Il était un grand écrivain. On en prend la mesure en découvrant « Dabadie ou les choses de nos vies », mise en scène d’Emmanuel Noblet, et en écoutant la suite des chansons venues d’horizons très divers. Sur une idée de la chanteuse Clarika, présente sur le plateau, on déroule le fil d’une vie, le film d’une vie, chansons donc, dialogues, sketches. Pas de lourde scénographie, mais un musicien au piano-claviers, Mathieu Geghre, et aux côtés du metteur en scène, Maissiat. Des ombres, du mouvement, de belles voix. Du charme et du talent sur le plateau du Théâtre de l’Atelier. (Jusqu’au 31 décembre, durée 1 h 20, theatre-atelier.com)
* On classe souvent Raphaëlle Boitel du côté du cirque. Elle a tous les dons. Enfant comédienne, elle avait intégré l’école d’Annie Fratellini et longtemps travaillé avec James Thierrée. Vous l’avez applaudie dans « la Symphonie du Hanneton » et dans « la Veillée des Abysses ». Peu à peu, elle s’est émancipée et s’est tournée vers la chorégraphie. Mais elle demeure sur les frontières : piste ou théâtre, musique ou danse, acrobatie, elle excelle dans tous les styles et sait puiser en chacun ses forces les plus singulières. Elle le montre avec « la Chute des anges », pièce qu’elle a conçue avec Tristan Baudoin, responsable aigu de la scénographie, ballet d’une machinerie signée Nicolas Lourdelle. Huit artistes se partagent les envols, mouvements, images comme nées de la nuit et y retournant. Fascinant et étrangement mélancolique. (Théâtre du Rond-Point, jusqu’au 31 décembre, durée 1 h 15, theatredurondpoint.fr)
* On le voit, la diversité est au rendez-vous en cette fin d’année. Avec la lumineuse vitalité d’Isabelle Georges, qui reprend, à La Nouvelle Ève, un spectacle musical tonique qui va des standards américains aux chansons françaises. Ce moment s’intitule « Oh la la ! ». (Du 27 au 31 décembre, durée 1 h 20, lanouvelleeveparis.com)
* Diversité encore avec la délicatesse de Justine Heynemann, qui reprend, au Paris-Villette, son voyage au pays de l’adolescence et de l’amour, qu'elle a nommé « Songe à la douceur ». (Jusqu’au 30 décembre, durée 1 h 30, theatre-paris-villette.fr)
* Plus ample, mais donné dans une version enlevée et joyeuse, digne d’un théâtre de tréteaux, voyez « Comme il vous plaira », une mise en scène fidèle et vive de Shakespeare. Quatre Molières au printemps dernier. Sans chichis, mais avec cette simplicité alliée à la profondeur, que produit le talent vrai, Pierre-Alain Leleu a adapté avec intelligence la comédie. Les interprètes sont formidables, de Barbara Schulz à Jean-Paul Bordes, et Léna Breban les dirige avec alacrité. (La Pépinière, jusqu’au 31 décembre, durée 1 h 50, theatrelapepiniere.com)
* Enfin, si vous n’y avez pas abordé la saison dernière, allez jusqu’à la Cartoucherie pour « l’Île d’or », plongée au Japon d’après Hélène Cixous et la troupe. Après avoir voyagé avec succès, le spectacle réglé par Ariane Mnouchkine revient pour ses dernières représentations au Théâtredu Soleil. (Jusqu’à fin janvier 2023 au moins, durée 3 h 30 entracte compris, theatre-du-soleil.fr).
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