Les chefs se mettent au drive

Gastronomie hors les murs

Publié le 28/04/2020

Un drive gastronomique ? Les termes semblent contradictoires et rien ne remplacera l'atmosphère que les grands chefs savent créer dans leurs établissements. Mais en attendant la réouverture, en juin, espère-t-on, l'option est alléchante.

Jean Sulpice (Talloires)

Jean Sulpice (Talloires)
Crédit photo : DR

Un repas gastronomique livré en cagette et installé dans votre coffre ? Les chefs n'auraient jamais imaginé en arriver là. Mais le coronavirus est passé par là. Et les idées et l'envie ne manquent pas.

Pour Jean Sulpice, de l'Auberge du Père Bise, à Talloires (Haute-Savoie), la cuisine gastronomique, avec ses associations de saveurs et de textures, a « besoin d'être expliquée » et est indissociable des dressages artistiques et de l'ambiance du restaurant. Pourtant, ce cuisinier de l'année 2018 du guide Gault et Millau et 2 étoiles Michelin est l'un des premiers à avoir organisé un drive et vend à emporter, par exemple, quenelles de brochet au safran (18 €), selle d'agneau (22 €) ou ris de veau aux morilles (35 €). « Une gastronomie accessible pour que les gens s'approprient le restaurant chez eux », dit-il à l'AFP.

En Alsace, à Kaysersberg, le chef doublement étoilé du Chambard, Olivier Nasti, livre des plats bistronomiques dans un rayon de 20 km ou en formule drive, la commande directement déposée dans le coffre du client. Des menus 100 % locavores, dans des assiettes en carton « écoresponsables », qui connaissent déjà un grand succès. À chaque jour son menu. Vendredi dernier, c'était salade de haricots verts au foie gras et jambon fumé de gibier maison, quenelles d’omble chevalier crème d’écrevisses et fondue de poireaux, et moelleux au chocolat, crème vanillée (plat 18 €, entrée-plat 24 €, entrée-plat-dessert 28 €, formule unique 38 € les samedi et dimanche).

À Marseille, Alexandre Mazzia (restaurant AM), chef de l'année 2019 de Gault et Millau et 2 étoiles Michelin, prépare des « cagettes » mêlant des produits bruts sélectionnés chez les maraîchers, pêcheurs, producteurs, fermiers du coin, et de préparations réalisées avec les arrivages de la semaine, comme les rillettes de denti au poivre et fenouil ou le tiramisu au curry, fraises et sarrasin. De 70 à 110 € pour 2, pain et vin compris.

À Paris, la Tour d'Argent, une étoile Michelin, l'un des plus vieux restaurants d'Europe avec une vue imprenable sur Notre-Dame, soutient son principal fournisseur, la maison Burgaud, à Challans, en estampillant les canards Tour d'argent prêts à cuire, à acheter sur le site boulangerdelatour-commande.com.

À Paris, on peut aussi commander, entre autres, les plats de saison des établissements Ducasse (7 restaurants, 15 plats), livrés à vélo électrique par des coursiers dûment masqués et gantés.

Avec AFP

Source : Le Quotidien du médecin