« La politique est toujours présente dans leur histoire jusqu’au XXe siècle », écrit June Hargrove, spécialiste de l'art français du XIXe, dans « les Statues de Paris. La représentation des grands hommes dans les rues et sur les places de Paris » (Albin Michel, 1989)*.
L’Ancien Régime a honoré par des statues ses rois, Henri IV, Louis XIII, Louis XIV, Louis XV ; elles ont toutes été détruites à la Révolution. L’Empire installe place Vendôme une réplique de la colonne Trajane de Rome à la gloire des soldats français, réalisée avec la fonte de 1 200 canons pris aux ennemis ; une statue de Napoléon en empereur romain de Chaudet la surmonte.
La Restauration déboulonne l’empereur de sa colonne et réutilise le bronze pour un Henri IV, réconciliateur des Français, sur le Pont-Neuf. Elle réinstalle aussi Louis XIV en empereur romain pieds nus sur son cheval place des Victoires et Louis XIII place des Vosges. Mais les projets concernant Louis XV et Louis XVI n’aboutiront pas, faute de temps.
Pendant la Monarchie de juillet (1830-1848), Louis-Philippe, roi citoyen, remet sur la colonne Vendôme un Napoléon plus populaire, en tenue de colonel des chasseurs de la garde, une statue réalisée par Seurre. Ne sont pas en reste la religion, avec quatre évêques catholiques du règne de Louis XIV sur la fontaine de Visconti, place Saint-Sulpice ; la science et la technique, avec Cuvier à côté du Jardin des Plantes et Gutenberg à l’Imprimerie Nationale.
Napoléon III honore pour la première fois la médecine, avec Bichat, la pharmacie et la chimie avec Parmentier et Vauquelin, la chirurgie et l’empire avec Larrey. Et, surtout, il fait replacer Napoléon empereur romain sur la colonne Vendôme. Cette dernière sera abattue pendant la Commune, en 1870, à l’initiative du peintre Courbet, et rétablie sous la IIIe République (1870-1914), avec à son sommet l'Empereur restauré. C’est la statue que l’on voit aujourd’hui.
Une grande époque pour la statuaire, qui affirme une identité nationale et idéologique, en particulier avec trois Jeanne d’Arc à Paris, à la suite de la défaite de 1870. Celle à cheval en bronze doré de Frémiet place des Pyramides, un drapeau à la main, symbolisant espoir et patriotisme, lieu aujourd’hui des rassemblements royalistes et du Front National. La conquérante à pied et en armure du boulevard Saint-Marcel-de-Chatrousse. Et la déterminée de Dubois à cheval levant son épée, devant l’église Saint-Augustin, les inscriptions du socle étant « conformes à la politique éducative de l’État républicain ».
Chaque sculpture a plusieurs histoires, celle de son héros, de son sculpteur, de sa date de réalisation, du message qu’elle véhicule, de sa place dans la ville, de son éventuel déménagement… Son rôle politique a diminué au XXe siècle. À Paris depuis 1945, le choix est établi par la Commission centrale des monuments commémoratifs, soumis en délibération au Conseil municipal et transmis au Préfet pour accord définitif.
* À lire aussi les ouvrages de Jacques Lanfranchi chez l’Harmattan, collection « Histoire de Paris ».
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