Cette version de « Rodelinda », de Haendel, a été captée en 2018 à l’Opéra de Lille dans une mise en scène très branchée de Jean Bellorini, actuel directeur du TNP Villeurbanne, qui signe son troisième spectacle lyrique (2 DVD, Erato/Warner). Tous les gadgets modernes (vidéo, rôle muet, jeux d’ombres, masques, marionnettes…) y sont utilisés efficacement pour distraire le spectateur d’une action un peu longue et pas très palpitante.
L’intérêt est ailleurs, dans la performance musicale. Emmanuelle Haïm et l'ensemble vocal Le Concert d’Astrée donnent relief et vitalité à l’action dramatique. La distribution, dominée par Jeannine De Bique, royale dans le rôle-titre, est très homogène. La présence vocale et scénique du Polonais Jakub Josef Orlinski, coqueluche de la jeune génération des contre-ténors, éclate, tout comme celle du contre-ténor Tim Mead.
On restera cependant fidèle à l’enregistrement de « Rodelinda » réalisé par William Christie et Jean-Marie Villégier pour le Glyndebourne Opera Festival en 1998, avec Ana Caterina Antonacci et Andreas Scholl (1 DVD Warner Vision).
Après Chéreau et Boulez
« De la Maison des Morts », opéra composé en 1928 par Leos Janacek d’après les « Carnets de la Maison morte », écrits par Fiodor Dostoïevski pendant son emprisonnement politique dans un bagne de Sibérie, est sorti de la rareté grâce à un spectacle inoubliable signé Patrice Chéreau et Pierre Boulez, présenté à Vienne en 2007 avant le Festival d’Aix-en-Provence et qui a fait le tour d’Europe (DVD Deutsche Grammophon).
Aucune production ultérieure n'a pu détrôner cette référence et certainement pas celle réalisée en 2018 pour l’Opéra d’État de Bavière à Munich par Frank Castorf, metteur en scène d’une « Tétralogie » très contestée en 2013 au Festival de Bayreuth, avec la même équipe (1 DVD & 1 BRD Bel Air). Sa mise en scène touffue, qui mélange les styles et les esthétiques, pratique le rajout, le retour en arrière, n’est pas lisible. Quelques moments exceptionnels cependant, quand certains des bagnards racontent leur histoire : l’action s’arrête et c’est la performance de l’acteur et du chanteur qui prime. Car la distribution est un sans-faute, avec Peter Rose, Charles Workman, Bo Skovhus, Evgeniya Sotnikova. Hélas, la direction de Simone Young manque de nuances, tirant l’œuvre vers une tension sans relâche.
Un opéra américain
« Street Scene » est la première œuvre scénique de l’exil américain de Kurt Weill, créée en 1947 à Broadway, où elle reçut un Tony Award. Elle s’inspire d’une pièce d’Elmer Rice, prix Pulitzer, décrivant la vie miséreuse des émigrés du Lower East Side de Manhattan dans les années 1930. Weill y restait dans son élément, avec la critique sociale qui lui avait fait signer quelques chefs-d’œuvre à Berlin avec Bertolt Brecht.
« Street Scene », pour lequel Kurt Weil revendiquait le nom d’opéra américain, est une œuvre patchwork qui mélange styles et influences (jazz, blues, gospel, cabaret, torch songs, parodie…) et qui semble plus proche du musical que de l’opéra. Malgré quelques longueurs et répétitions, il s’agit d’une partition très attachante et d’un spectacle dont l’action dramatique tient la route, même si elle aurait mérité d’être resserrée.
La production de John Fulljames et Dirk Bird au Teatro Real de Madrid en 2018 est très efficace, avec son décor unique, avec des éclairages astucieux pour les magnifiques numéros de danse. Musicalement, la distribution est très soignée, avec Paulo Szot, Patricia Racette, Mary Bevan, Joel Proeto et Lucy Schaffer. Tim Murray dirige l’Orchestre et l’excellent Chœur du Teatro Real de Madrid (1 DVD & 1 BRD Bel Air).
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