Hervé Niquet, homme-orchestre

S’il est un homme-orchestre en France c’est Hervé Niquet, spécialiste de musique baroque, mais pas du genre baroqueux triste à tisanes ou régime végétarien ! L’homme est généreux, bon vivant et plein d’humour. Depuis ses débuts professionnels comme chef de chant à l’Opéra de Paris, il est passé par des horizons aussi variés que les Arts florissants, Versailles, où il a fondé son ensemble Le Concert spirituel, l’Orchestre philharmonique de Radio France, qu’il a dirigé, et le Chœur de la Radio flamande, dont il a été nommé directeur musical.

Une des aventures les plus exaltantes de sa carrière a été sa participation à la création, par le Dr Nicole Bru, de la Fondation Palazzetto Bru Zane - Centre de musique romantique française, consacrée à la défense de ce patrimoine musical. On ne compte plus les compositeurs remis à l’honneur et le travail musicologique réalisé par une équipe aussi dynamique qu’exigeante sur le plan de la qualité.

On a pu voir aussi Hervé Niquet, chef lyrique à Versailles dans le cadre des Fêtes royales, diriger l'opéra-ballet comique « Don Quichotte chez la Duchesse » de Boismortier, une loufoquerie irrésistible dont il s’est emparé avec le chorégraphe Philippe Lafeuille et les metteurs en scène Corinne et Gilles Benizio (1 DVD Alpha).

Le chef a encore d’autres cordes à son arc et, pour découvrir sa facette la plus facétieuse, il faut écouter « Mon truc à moi », sa chronique hebdomadaire, le vendredi à 8 h 48 sur France Musique, dans l'excellente « Matinale culturelle » de Vincent Josse. Il y démythifie la profession de musicien en racontant les mille et un aléas de la vie d’artiste. Il n’a pas hésité, en guise de poisson d’avril, à annoncer le mariage du PDG de Radio France, Mathieu Gallet, à la productrice de télévision Eve Ruggieri... S’accompagnant au piano, il pousse parfois la chansonnette pour illustrer ses dires et c’est un des moments de bonheur du mélomane lève-tôt.

Étoiles et satire

Depuis 2013, la direction musicale du Festival de l’Abbaye de Saint-Riquier, dans le baie de Somme, est pour le chef originaire d’Abbeville un sujet de fierté supplémentaire. En français et en ch’ti, il annonce dans l’éditorial du programme 2016, une moisson d’étoiles, tant pour le jazz (Paul Lay, Lorenzo Naccarato, Mike Roelofs, piano) que pour la musique classique (les sopranos Jodie Devos, Anaïs Constans, le ténor Yann Beuron, le trompettiste David Guerrier). Il ne faudra pas manquer « The Fairy Queen » de Purcell, ni la création du ballet baroque « La Veuve Rebel à la foire Saint-Riquier » par les troupes montréalaises Le Nouvel Opéra et la Compagnie des Beaux-Champs, une satire bouffonne de l’Opéra et de la Comédie-Française. Un festival dans la bonne humeur.

* Tél. 03.22.999.625, www.ccr-abbaye-saint-riquier.fr