LIVRES - Romans antimorosité

Humour et rire comme remèdes

Publié le 16/04/2012
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Dans la haute société

Honneur à Tom Sharpe, qui publie à 84 printemps le 5volet de sa série des « Wilt », qui l’a fait reconnaître comme l’un des plus grands humoristes anglais contemporains. Le « Wilt 5 » s’intitule « Comment enseigner l’histoire à un ado dégénéré en repoussant les assauts d’une nymphomane alcoolique » (1). Cet intitulé à rallonge résume en grande partie une intrigue délirante, où l’on voit le professeur Wilt contraint de faire des heures supplémentaires chez les Gadsley, sachant que Sir George est obsédé par les servantes un peu rondes tandis que Lady Clarissa a jeté son dévolu sur le malheureux enseignant, lequel se heurte à un adolescent dont le principal plaisir est de tirer sur tout ce qui bouge. Jusqu’à ce qu’il soit retrouvé mort dans la propriété. Quand Tom Sharpe met ses gros sabots dans la haute société, le rire est assuré !

Entre ciel et terre

Carolyn Jess-Cooke, une jeune Anglaise révélée avec un recueil de poésie, a été choisie pour inaugurer une collection de littérature féminine, « la Petite Collection Lattès », qui réunit des romans inédits en France, ayant tous eu du succès dans leur version originale. Les caractéristiques de « Journal d’un ange gardien » (2), son premier roman, sont l’humour et la tendresse. Il a pour thème la réincarnation de Margot, une mère de famille décédée à 40 ans et qui devient Ruth, son propre ange gardien. Ruth peut influer sur les choix de Margot, dont la vie est toujours aussi difficile et parsemée de mauvaises décisions, mais elle doit toujours respecter les limites du libre arbitre. Bien loin du divin, l’interaction entre existence angélique et existence terrestre ne manque pas de piquant !

Sur le chemin de la béatitude

Avec Katarina Mazetti et « Mon doudou divin » (3), on reste dans le spirituel, dans tous les sens du terme. L’écrivaine suédoise met en scène une pigiste qui, pour un prochain article, s’inscrit à un stage de spiritualité à long terme, trois semaines dans une ferme nommée La Béatitude, en compagnie d’un apprenti gourou. Bien moins que la foi, la découverte des personnalités des six autres participants – dont un « ex-médecin », on saura pourquoi plus tard – et de l’héroïne elle-même, est au cœur du roman. L’ironie est certainement moins présente que dans « le Mec de la tombe d’à côté », mais l’auteure poursuit sur sa lancée de parler de choses graves sur un ton léger.

Mésaventures burlesques

« Du trapèze au-dessus des piranhas » (4) est également un premier roman, dans lequel Yves Bourdillon, reporter au quotidien « les Échos », a mis beaucoup de lui. Le personnage principal est également un journaliste, dans un quotidien régional, qui décide de réaliser ses rêves d’adolescence, parmi lesquels créer une mini-agence de presse à Paris ou gravir un sommet de l’Himalaya, tout en gérant la scolarité de sa cancre de fille. C’est sans compter le scepticisme de ses proches, la férocité de ses concurrents, les caprices de ses clients, une bureaucratie particulièrement raffinée, etc. Le titre du roman évoque bien le cirque, ou plutôt l’arène, où se débat le malheureux héros, toujours sur le point d’être dévoré dans une société qui appelle chacun à se réaliser et à prendre des risques, tout en le poussant, en réalité, à n’en rien faire.

À la conquête de la banalité

Après le très agréable et très drôle « Julian Corkle est un fieffé menteur », D. J. Connell, née en Nouvelle-Zélande, revient avec une comédie tout aussi originale, « Sherry Cracker et les sept voleurs » (5). L’héroïne est une jeune fille qui a appris la vie dans l’« Encyclopedia Britannica », quand elle n’était pas enfermée dans le placard à balais. Elle est devenue une adulte un peu bizarre, à tel point qu’elle doit « devenir normale » pour garder son emploi. On entre donc dans un roman d’apprentissage un peu spécial, qui voit la jeune Sherry se lancer à la conquête de la banalité armée de sa seule naïveté et de sa gentillesse contre tout ce que l’Angleterre compte d’escrocs, mais aussi d’attachants marginaux. Sous son apparence loufoque, le livre est un regard sans concession sur les travers de nos sociétés modernes, sclérosées par la peur de l’autre, l’obsession sécuritaire et la marginalisation de ceux qui sont différents.

(1) Belfond, 277 p., 19 euros.

(2) JC Lattès, 378 p., 12,50 euros.

(3) Gaïa Éditions, 210 p., 20 euros.

(4) Anne Carrière, 325 p., 20 euros.

(5) Belfond, 338 p., 21 euros.

MARTINE FRENEUIL

Source : Le Quotidien du Médecin: 9115