La Grèce, l'Alsace après 1870, les palais de Napoléon

Images de l'histoire européenne

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Publié le 22/10/2021
Au Louvre, l'histoire de la Grèce moderne. À Paris et Strasbourg, l'Alsace perdue en 1870 autour de l'œuvre de Jean-Jacques Henner. Aux Gobelins, les palais de Napoléon.
Henner, « L'Alsace. Elle attend »

Henner, « L'Alsace. Elle attend »
Crédit photo : GRAND PALAIS/FRANCK RAUX

« Paris-Athènes. Naissance de la Grèce moderne (1675-1919) » : l'histoire de la Grèce moderne, deux cents ans après la guerre d’indépendance, est l’occasion pour le Louvre de mettre en valeur sa très riche collection d’antiques. 1821, c’est à la fois la guerre d’indépendance de la Grèce, qui enthousiasme artistes et intellectuels européens, de Lord Byron à Delacroix (« le Massacre de Scio »), et l’entrée au Louvre de la Vénus de Milo, découverte par un paysan en présence de militaires français. La Grèce de tradition chrétienne est alors dans l’empire byzantin conquis par les Ottomans. Déjà, aux XVIIe et XVIIIe, en route pour la Sublime Porte, le marquis de Nointel et le comte de Choiseul, ambassadeurs de Louis XIV et de Louis XVI, s'étaient arrêtés à Athènes et avaient constitué des collections d’antiques.

L’expédition militaire française pour libérer le Péloponnèse (1828-1833) est accompagnée d'une mission scientifique. Othon Ier, le premier roi, en 1832, est d'origine bavaroise. La Grèce indépendante va construire son identité culturelle à partir des fouilles archéologiques, réparties principalement entre la France et l’Allemagne. L’École des Beaux-Arts travaille en lien avec Munich et s’installe à Olympie et l’école française d’Athènes, créée en 1846, à Santorin, Délos et Delphes. Les pièces découvertes sont interdites à l’exportation. Mais les photographies, avec Girault de Prangey, les moulages, les relevés des mosaïques et des peintures, les maquettes…, qui seront exposés lors des expositions universelles révolutionnent les connaissances sur la Grèce antique (la découverte de la polychromie modifie la vision blanche du XVIIIe) et mettent à la mode le néoclassicisme. Au tournant du XXe, renaît l’intérêt pour le passé byzantin, alors que de jeunes artistes, comme le groupe Techni, découvrent la modernité européenne. La « Soirée athénienne » de Iakovos Rizos offre une synthèse de ces relations. Dans l’esprit Belle Époque, des bourgeois à la mode parisienne conversent sur la terrasse d’une maison néoclassique devant l’Acropole. (Jusqu'au 7 février, louvre.fr)

* « Alsace. Rêver la province perdue 1871-1914 » : le musée Jean-Jacques Henner revient sur la guerre de 1870 lorsque la France doit céder l’Alsace et une partie de la Lorraine à l’Allemagne. Pendant les 47 ans d’occupation, les « Provinces perdues » font l’objet d’un culte du souvenir et leurs artistes se mobilisent. Henner avec son tableau iconique « Elle attend », Gustave Doré avec « l’Alsace au drapeau », Bartholdi avec le Lion de Belfort (ville qui a résisté à l’ennemi), Gallé, qui mise sur l’espoir… Et nombre de peintures, affiches, gravures…, apportant leur soutien à ceux qui ont dû choisir pour rester Français de quitter leur province. (Jusqu'au 7 février, musee-henner.fr)

Le musée parisien a envoyé au musée des Beaux-Arts de Strasbourg l’essentiel de ses collections pour « Jean-Jacques Henner (1829-1905). La chair et l'idéal », une rétrospective de plus d’une centaine d’œuvres de ce peintre poétique inclassable, qui s’adonne aux portraits, aux paysages de sa terre natale, dans laquelle il installe ses nus idylliques. (Jusqu'au 24 janvier, musees.strasbourg.eu)

* À la Galerie des Gobelins, le Mobilier national présente les « Palais disparus de Napoléon ». L’empereur souhaitait à la fois un écrin prestigieux pour ses demeures et développer les arts et les manufactures dans un dessein politique et économique. Trois cent cinquante pièces (meubles, bronzes dorés, tapisseries, soieries) rescapées des incendies de 1870-1871 et aujourd’hui au Mobilier National redonnent vie à trois de ses principaux palais, les Tuileries, Saint-Cloud et Meudon, avec en plus des restitutions numériques. (Jusqu'au 16 janvier, mobiliernational.culture.gouv.fr)

Caroline Chaine

Source : Le Quotidien du médecin