L’argent, avec ses merveilles et ses revers, fait toujours recette. Après s’être fait connaître avec « Park Avenue », Cristina Alger,qui a travaillé comme analyste financière et comme juriste, donne avec « la Femme du banquier » (1) un roman documenté qui mêle argent, pouvoir, secrets et glamour. Le mari de l'héroïne, cadre dirigeant d’une célèbre banque offshore suisse, est retrouvé mort dans l'épave d’un avion. Doutant de l'accident, la veuve s’allie avec une journaliste qui enquête sur un récent scandale lié à cette banque. Un divertissement intelligent pour comprendre comment s'organise le blanchiment d’argent, avec la complicité de banques, avocats et autres personnes influentes.
Après avoir exercé le droit pendant dix-sept ans, Sara Collins se consacre à l’écriture. Son premier livre, « les Confessions de Frannie Langton » (2), est un roman historique poignant qui se situe en 1826. Une jeune métisse, esclave dans une plantation de canne à sucre de la Jamaïque et offerte comme un objet à un couple londonien, est accusée d’avoir assassiné ses maîtres. Elle ne se souvient de rien mais, dans un long récit où elle se raconte depuis l’enfance, explique pourquoi elle est plus une victime qu’une meurtrière. Pour étayer sa thèse, l’auteure multiplie les rebondissements qui transforment ses aspirations légitimes d’amour, de justice et de liberté en épreuves. Un texte militant et imagé.
Combats historiques et féministes
Couronné par le Prix de l’Union européenne pour la littérature et le Prix littéraire d’Europe Centrale Angélus, « C’est arrivé un premier septembre » (3), du Slovaque Pavol Rankov, est l’histoire de trois amis issus des communautés hongroise, tchèque et juive, en Slovaquie du Sud, racontée par épisodes, le 1er septembre de chaque année pendant trente ans. De 1938 à 1968, ils ont rivalisé pour l’amour d’une femme tandis que leur pays lutte pour trouver une place au gré des invasions et des alliances : Accords de Munich, Arbitrages de Vienne, deuxième guerre mondiale, décrets antisémites, coup d’État communiste de février 1948, procès politiques des années 1950, jusqu’à l’écrasement du Printemps de Prague en août 1968 par les Soviétiques. Le roman de l’amitié dans les tourments du XXe siècle.
L’Américaine Amy Gentry (« les Filles des autres ») s’est inspirée du mouvement #MeToo pour tricoter dans « De si bonnes amies » (4) une histoire de vengeance qui interroge. Dana, comédienne humoriste, est abordée par Amanda, ingénieure en informatique, à l’issue de son spectacle, où elle a été interpellée grassement. Les jeunes femmes n’ont rien en commun, si ce n’est d’évoluer dans des milieux presque exclusivement masculins et d’être la proie d’agressions verbales, morales ou physiques. Amanda propose à Dana de punir leurs agresseurs. Après une mise en route un peu longue, on se laisse prendre par une intrigue axée sur la manipulation psychologique, avec des retournements de situation et un dénouement inattendu.
Né à Stockholm, avocat, Joakim Zander, qui a travaillé au Parlement européen et vécu en Suède, en Syrie, en Israël et aux États-Unis, s’appuie sur ses expériences pour installer ses intrigues. Après « Apnée », il publie « le Quartier » (5). Un quartier défavorisé de la banlieue de Stockholm où ont grandi Fadi, soupçonné d’avoir rejoint Daech, et sa sœur Yasmine, qui a quitté New York, où elle avait choisi de vivre afin de sauver son frère. Leur chemin croisera celui de Klara, venue de Londres pour enquêter sur les enjeux d’une éventuelle privatisation de la police. Alors même que les banlieues de la capitale suédoise se révoltent, sous l’influence d’une mystérieuse organisation.
Émigrées, amnésique
Très attendu après « Volia Volnaïa », qui nous avait plongés dans l’immensité sibérienne, « Devouchki » (6), du Russe Victor Remizov, est le livre des contrastes. Deux cousines originaires d’un bourg délaissé au cœur de la Sibérie espèrent un avenir meilleur à Moscou. Elles sont belles toutes les deux, mais l’une est cultivée et droite tandis que l’autre est maligne et délurée. Dans la capitale, elles vont grossir le nombre des laissés-pour-compte, chacun étant prêt à tout pour exister, et se heurter au racisme des Moscovites qui méprisent ces nouveaux « émigrés », à l’argent sale, la débauche, la corruption, la brutalité. Un roman d’apprentissage, certes manichéen, qui pointe le désarroi d’une jeunesse qui cherche à se construire.
La romancière australienne Liane Moriarty est une habituée des best-sellers (« le Secret du mari », «Petits secrets, grands mensonges », «Un peu, beaucoup, à la folie »). Il est intéressant de découvrir « A la recherche d’Alice Love » (7), écrit avant ces succès internationaux. Alice se relève d’une chute en ayant perdu la mémoire de dix années de sa vie : elle se croit, à 29 ans, au comble du bonheur avec son mari et enceinte de son premier enfant ; en réalité, elle a 39 ans, trois enfants et elle est sur le point de divorcer. Que s’est-il passé ? Le lecteur découvre en même temps qu’Alice, à travers un suspense bien ménagé, les petites erreurs et les compromis qui modifient la trajectoire de vie que l’on s’était fixée. Peut-on réparer ce que le temps a malmené ?
(1) Albin Michel, 416 p., 21,90 € (2) Belfond, 394 p., 21,90 € (3) Gaïa, 462 p., 24 € (4) Robert Laffont, 378 p., 21 € (5) Actes Sud, 416 p., 23 € (6) Belfond, 399 p., 21 € (7) Albin Michel, 460 p., 22 €
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