Pour situer dans l'abondante production de Korngold les œuvres de la large sélection réalisée pour l’éditeur Capriccio par Caspar Richter et le Bruckner Orchester à Linz entre 1999 et 2003, réunie dans un coffret de 4 CD, il faut rappeler la trajectoire singulière de ce compositeur surdoué.
Fils d’un célèbre critique musical viennois, Erich Wolfgang Korngold fut un très précoce Wunderkind, pas comme simple exécutant mais de façon plus rare comme compositeur. Vite repéré par les géants de son temps, Gustav Mahler d’abord, qui le confia à Alexander von Zemlinsky, il impressionna Richard Strauss, Jean Sibelius, Giacomo Puccini. Le maître Zemlinsky jeta l’éponge après 18 mois d’enseignement, le laissant à partir de 12 ans voler de ses propres ailes d’un succès à l’autre.
À 23 ans, Korngold créait son chef-d’œuvre, l’opéra « Die Tote Stadt », adaptant le roman de Georges Rodenbach « Bruges-la-Morte », dernier cri du symbolisme littéraire. Ce fut le sommet de sa carrière viennoise. Il était alors le compositeur le plus joué dans les pays germanophones après Richard Strauss.
Puis commença une collaboration avec Max Reinhardt, pour le théâtre et vite pour le cinéma, qui le mena vers un autre sommet, la musique du film « le Songe d’une Nuit d’été » (1935). Une deuxième carrière qui le conduisit à Hollywood, où il s’installa en 1936 juste avant l’Anschluss et fit la musique d’un grand nombre de films pour les studios Warner Bros, certains couronnés d’un Oscar. Sa musique de film est indissociable de l’acteur Errol Flynn et sa technique et son lyrisme continuent d’inspirer nombre de ses collègues. Il n’y eut pas d’été indien à sa carrière viennoise. Une tentative de retour en 1947 lui montra qu’il était « passé » et il dut rentrer à Hollywood, où il mourut à 60 ans.
Parmi les 4 CD du coffret Capriccio, des œuvres orchestrales, pour la plupart très précoces, et remarquables tant elles revendiquent leur influence straussienne. « Sursum Corda », ouverture dédiée au compositeur bavarois et créée par lui en 1920, révèle l'expertise de Korngold en instrumentation. « Märchenbilder » est une suite contenant des morceaux de caractère sur différents contes de fées, préfigurant un peu la texture orchestrale de ses musiques de film.
On trouve aussi dans le coffret les plus belles pages orchestrales de ses opéras. Musique plus musclée, plus dramatique, notamment les pages choisies du « Miracle d’Heliane », le somptueux prélude de l’acte II de « la Ville morte » et, plus rares, des pages vocales de « l’Anneau de Polykrate », « Violanta » et « Die Katrin », œuvres de la précocité.
Le « Concerto pour violoncelle », vaste mouvement taillé comme un grand poème symphonique dramatique, magistralement joué par l’Américain Zuill Bailey, fut composé d’après une esquisse, la musique du drame « Deception » (« Jalousie », 1946), avec Bette Davis, Claude Rains et Paul Henreid, respectivement pianiste, compositeur et violoncelliste.
Autre trésor, la « Baby Serenade », pleine de tendresse, composée pour son fils George, avec ses thèmes et instruments jazzy et ses références à des chansons folkloriques. « Tomorrow », écrit pour le mélo « The Constant Nymph », avec Joan Fontaine et Charles Boyer (« Tessa, la nymphe au cœur fidèle », 1943), est de la pure musique de film, mais pas sa meilleure, avec un air chanté par Gigi Mitchell-Velasco jusqu’à un climax de sentimentalité caricatural.
Caspar Richter, qui a réalisé au fil des années tous ces enregistrements, est devenu un spécialiste de Korngold, dont il rend bien toutes les finesses du style d’Europe central et d’une orchestration le plus souvent excellente.
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Pour aller plus loin dans la découverte de Korngold, on conseille l’intégrale des Lieder publiée en 2 CD par le même éditeur, mine d’or de chansons postromantiques, dans laquelle le baryton anglais Konrad Jarnot se taille la part du lion aux côtés du soprano canadien Adrianne Pieczonka.
Autre parution à connaître, son rare opéra de jeunesse « Violanta » (1916), paru sur DVD et CD Dynamic, reflet d’une production turinoise de 2020 dirigée par Pinchas Steinberg. Apport de poids à la connaissance des œuvres rares de ce compositeur méconnu, elle peut être visionnée intégralement sur YouTube.
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