Par un détour habile, le livre s'ouvre sur les fumées et les cendres de la tour Grenfell. L'incendie de l'immeuble, situé dans une zone défavorisée de l'Ouest de Londres, a fait de nombreuses victimes, alors que les habitants avaient maintes fois attiré l'attention sur son état dangereux. Darren McGarvey fait de cet événement le symbole du mépris dont sont victimes les quartiers pauvres.
« Les types comme moi n'écrivent pas de livres », se plaît à répéter l'auteur, habité par une terrible colère. Pourtant, au moment même où il semble se dévaloriser sur le plan de la langue et de la culture, il se voit repérer au collège par ses talents d'écriture.
De nombreux passages soulignent son sentiment d'infériorité par rapport à l'orthographe et à la culture dite légitime. On peut y lire une souffrance certaine, mais, paradoxalement, un certain humour. « La poésie n'apportait qu'insatisfaction et désarroi. Métaphores opaques, ponctuation erratique, sujets sans queue ni tête, tout me déboussolait. »
Darren McGarvey a la chance de trouver un travail dans un établissement s'adressant aux délinquants juvéniles, marqué par la surpopulation (830 individus), la tension et la violence. Il réussit à gagner la confiance de ceux pour qui il est « le mec siphonné qui fait du rap ».
Les choses finissent par tourner pas si mal pour notre héros. La BBC l'invite à animer un magazine phare, de quoi vaincre ce manque de confiance qui l'a longtemps marqué.
« Les types comme moi n'écrivent pas de livres », persiste-t-il à dire, tout en confessant que des livres il aime la texture et les sonorités des mots. Les siens lui ont valu l'un des prix Orwell 2018*.
« Fauchés - Vivre et mourir pauvre », Darren McGarvey, Autrement, 336 p., 19,90 € * Attribués à des livres qui approchent l'ambition d'Orwell de « faire de l'écriture politique un art ».
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