Les romans de la médecine

La fiction par-delà la science

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Publié le 11/09/2017
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Livres 11/09- Encore vivant

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Livres 11/09- The Only Ones

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Livres 11/09-Les Femmes sont des guitares

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Livres 11/09-La Vie en son royaume

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Livres 11/09- L'Homme de miel

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Livres 11/09- La Disparition de Josef Mengele

Livres 11/09- La Disparition de Josef Mengele

* Des médecins

« La Vie en son royaume », de Christian Signol : le quotidien, entre visites à domicile et consultations au cabinet, d’un jeune médecin installé dans un village du Limousin, où il est témoin de la disparition d’une génération touchée par la maladie, l’isolement et la solitude. Un hommage, au fil des saisons, aux médecins de campagne, pour qui leur métier est une vocation (Albin Michel).

« Les Histoires de Franz », de Martin Winckler : dans ce deuxième volet de la suite romanesque inaugurée par « Abraham et fils », le Dr Farkas, médecin rapatrié en 1963, est devenu le responsable de la maternité de l’hôpital local et son fils commence à écrire des nouvelles ; ils croisent des fantômes – les disparus de la guerre d’Algérie, les laissés-pour-compte de l’empire colonial français – et font de leur mieux pour les sortir de l’oubli. Un roman polyphonique écrit à la manière des feuilletons populaires (P.O.L).

« Les Complicités involontaires », de Nathalie Bauer : enfreignant les règles de sa profession, une psychiatre entreprend l’analyse d’une femme qu’elle a jadis brièvement connue ; son plongeon dans le passé la confronte à un jeu de miroirs pour le moins inattendu. Dans ce roman de la transgression, l’auteure raconte l’odyssée d’une famille ballottée par le chaos de l’histoire du XXe siècle et explore les multiples complicités qui unissent les êtres à leur insu (Philippe Rey).

« Une rencontre à Pékin », de Jean-François Billeter : le sinologue raconte sa rencontre avec une jeune femme médecin dans les années 1960, avant la Révolution culturelle, et les obstacles qu’ils ont dû surmonter pour pouvoir se marier. Un texte aux épisodes rocambolesques en même temps que l’évocation d’une Chine qui n’existe plus (Allia).

« La Disparition de Josef Mengele », d'Olivier Guez : le roman-vrai de la cavale de l’ancien médecin tortionnaire à Auschwitz, de 1949 à sa mort en 1979, de l'Argentine au Paraguay puis au Brésil ; dans son sillage, anciens nazis, agents du Mossad, femmes cupides et dictateurs d’opérette évoluent dans un monde corrompu par le fanatisme, la realpolitik, l’argent et l’ambition (Grasset).

« Réveiller les lions », d'Ayelet Gundar-Goshen : un neurochirurgien bien sous tous rapports prend la fuite après avoir percuté un homme sur une route. En échange de son silence, la femme de la victime exige du chauffard qu’il prodigue chaque nuit des soins à des clandestins soudanais ou érythréens qui vivent sous la tente ; alors même que son épouse, inspecteur de police, est chargée de l’enquête. Un thriller humanitaire par l’espoir de la littérature israélienne, qui en dit moins sur ce qui oppose les hommes que sur ce qui les lie (Presses de la Cité).

* Des malades

« L’Homme de miel », d'Olivier Martinelli : atteint d’un myélome, l’auteur aborde, en 49 courts chapitres remplis d’une énergie positive qui prend le lecteur par la main, le sujet de la maladie ; une écriture simple et poétique assortie d’humour (Christophe Lucquin).

« Encore vivant », de Pierre Souchon : un récit autobiographique, dans lequel le journaliste raconte comment, bipolaire en grave crise maniaco-dépressive, il a été emmené en hôpital psychiatrique alors qu’il venait de se marier. Un regard incisif sur les internés, sur le monde paysan dont l'auteur est issu, et sur le milieu de la grande bourgeoisie auquel appartient son épouse (Rouergue).

« Les Femmes sont des guitares (dont on ne devrait pas jouer) », de Clemens J. Setz : soignante dans une clinique qui accueille des personnes souffrant de handicaps physiques et mentaux, Natalie se penche sur le passé du malade dont elle doit s'occuper et sur ses relations avec un homme qui le visite régulièrement, dont il est amoureux jusqu’à l’obsession mais dont il a détruit la vie. En un millier de pages, l’écrivain autrichien met en scène une série de personnages lunaires, fous, excentriques ou « extra-ordinaires » (Jacqueline Chambon).

« La Salle de bal », d'Anna Hope : lors de l’hiver 1911, une jeune femme internée dans un asile d’aliénés du Yorkshire tombe amoureuse d’un « mélancolique Irlandais » qu’elle retrouve à l’occasion du bal qui réunit les hommes et les femmes de l’établissement chaque vendredi ; mais à la tête de l’orchestre, séduit par l’eugénisme et par le projet de loi sur le Contrôle des faibles d’esprit, le Dr Fuller observe ses patients valser (Gallimard).

« Sciences de la vie », de Joy Sorman : dernière-née d’une lignée maudite, dans laquelle, depuis le Moyen Âge, les filles aînées de chaque génération sont frappées, Ninon, 17 ans, souffre d’allodynie tactile dynamique ; la jeune fille entend échapper au déterminisme génétique comme aux récits de sorcières (Seuil).

* Des expériences

« Le Presbytère », d'Ariane Monnier : au début des années 1970, pour faire de ses enfants des êtres véritables, un jeune médecin les tient à l’écart du monde, il les initie à la musique et à la morale pendant que leur mère ne résiste ni à la violence ni à la séduction de son mari ; soumis à des coups et à des exigences de plus en plus humiliantes, ils apprennent à se taire (JC Lattès).

« Polaris », de Fernando Clemot : en 1960, l’équipage d’un vieux rafiot au mouillage dans l’Océan Arctique est gagné par une inexplicable folie ; aux crises d’angoisse, aux troubles du sommeil et à la prise inconsidérée d’anxiolytiques s’ajoute l’obscure inclination du médecin du bord pour certaines expériences indicibles. Le lecteur, prisonnier de cet esprit malade, comme l’équipage l’est du vaisseau, est livré aux spectres du passé (Actes Sud).

« The Only Ones », de Carola Dibbell : dans une Amérique ravagée par les pandémies, une femme pauvre, immunisée contre les maladies mortelles, vend des bouts de son corps à des riches qui espèrent ainsi se protéger des épidémies ; un jour elle donne naissance à un clone, qu’elle va devoir protéger. Un récit familial et social en forme de monologue drôle, brut et déchirant, par l’un des précurseurs du journalisme rock et punk féminin américain (Le Nouvel Attila).

« Un dissident », de François-Régis de Guenyveau : pour contribuer à façonner le monde où l’Homme s’affranchirait enfin des limites de la nature, un jeune prodige scientifique intègre un laboratoire américain ; bientôt il s’interroge et se heurte à sa propre énigme. Un premier roman qui mêle anticipation et quête initiatique (Albin Michel).

 

Martine Freneuil

Source : Le Quotidien du médecin: 9600