Hélas, et c'est le cœur de ce livre, l'examen de l'histoire et des croyances des trois principaux monothéismes permet de déchanter. Loin de réunir les hommes, le besoin de croyance les divise. Le rejet de l'autre, les excommunications et les massacres sont la règle et non l'exception.
Par ailleurs, remarque l'auteur, soucieux de ne pas s'en tenir au simple besoin de transcendance, « la pulsion de croyance a toujours été dans l'histoire, et elle est encore aujourd'hui instrumentalisée par les pouvoirs établis afin d'asseoir leur domination en assignant au divin leur légitimité ».
Du lien profond de la langue avec la religiosité témoigne l'histoire juive, dont Claude Hagège retrace la genèse de manière passionnante. Il montre comment les Hébreux, privés de tout, gardaient dans leur rage de survivre les livres saints. « Désormais, ils n'auraient pas d'autre patrie que la Torah, qu'ils porteraient partout avec eux. » Peuple dispersé, les juifs auront trois ancrages de survie, la Loi, la terre, la langue. Mais l'Église chrétienne dont il accouche va faire tomber sur lui la pire détestation qui soit.
Parmi les crimes dont sont accusés les juifs, figure en très bonne place le fait d'avoir « tué Jésus ». Claude Hagège revient longuement sur cet entrelacs de méprises et de haines conduisant au « peuple déicide » et à ses surgeons, le « complot juif », entre autres, qui finit par mener à la Shoah. Cela lui permet d'installer de manière centrale la démarche de Jules Isaac luttant contre « l'enseignement du mépris » et affirmant : « Jésus était juif, juif circoncis, né d'une mère juive, il exerça son ministère dans les synagogues, à Jérusalem, dans le Temple. »
La fin des temps
Dans son chapitre sur le christianisme, Claude Hagège prend soin de rappeler que « les Évangiles sont des œuvres apologétiques et non historiques », seul un chrétien croyant y accordera une foi totale. Et l'auteur revient sur des thèmes traités mille fois. L'« homme Jésus » voit son existence attestée de multiples façons. Qu'il soit né d'une vierge, soit d'une origine divine et ait ressuscité relève de la croyance, c'est-à-dire de la certitude sans preuves. L'auteur s'attache à penser le lien qui unit cette foi à la floraison d'immenses œuvres artistiques si lumineusement inscrites dans notre culture.
Contrairement à ce que certains laissent à penser, l'Islam partage avec les deux autres monothéismes beaucoup de points : la croyance en l'imminence de la fin des temps, la résurrection universelle et le Jugement dernier, comme l'attestent les dernières sourates du Coran.
Moins obsédé par la conversion et l'universalisme, le judaïsme est plus soucieux de la relation homme-Dieu et de l'approfondissement des textes sacrés. Reste que strictement rien de ce qu'annonçaient les textes des trois religions ne s'est produit. C'est très positif, conclut Claude Hagège, car cela permet de continuer à croire.
Claude Hagège, « Les Religions, la Parole et la Violence », Odile Jacob, 240 p., 21,90 €
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