Rentrée littéraire d’hiver

La frilosité n’est pas de mise

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Publié le 15/01/2021

La culture n’a pas dit son dernier mot, puisque plus de 1 550 livres de non-fiction – autant qu’il y a un an – paraîtront en janvier et février. Dans le même temps, près de 500 nouveaux romans jettent un bon nombre de têtes d’affiche dans la mêlée.

Point commun des nouveaux livres de 2021, le mal-être et les combats d’hommes et de femmes dans une société fracturée et un environnement qui souffre. Violences répétées, racisme, dégâts climatiques, sévices sur les femmes et les enfants, ravages des fake news, questions sur la démocratie française actuelle sont parmi les thématiques les plus abordées. Alors même qu’une quinzaine de titres continuent d’étudier la pandémie et ses effets multiples.

Si les nouveaux romans sont plus nombreux (+ 2,5 %), hausse due en grande partie aux reports induits par le premier confinement, les premiers romans sont les perdants de cette rentrée, avec 63 titres (- 11 %), signés, ce qui n’est pas habituel, par davantage de femmes que d’hommes (38 contre 26).

Du côté des romans étrangers c’est le calme plat, avec un nombre de titres identiques (153). Dont des grands noms, comme Martin Amis (« Inside Story », Calmann-Lévy), Chris Kraus, l’auteur de « la Fabrique des salauds » (« Baiser ou faire des films », Belfond), Liane Moriarty, révélée avec « Petits secrets, grands mensonges » (« Trois vœux », Albin Michel), Milena Agus (« Une saison douce », Liana Levi), Graham Swift (« le grand Jeu », Gallimard)…

Des auteurs attendus

Parmi les stars et les auteurs préférés des Français, Olivier Adam, avec « Tout peut s’oublier », dont le narrateur n’a de cesse de retrouver son ex-femme, repartie avec leur fils de 5 ans dans son pays d’origine, le Japon (Flammarion). Philippe Besson signe « le Dernier Enfant », les moments les plus importants de la vie d’une mère alors que le dernier des enfants va s’envoler (Julliard). Philippe Delerm, avec « la Vie en relief », retrace dans des textes courts ces instants essentiels où se superposent qui nous avons été, qui nous sommes et qui nous serons (Seuil). Lionel Duroy propose un autoportrait, « l’Homme qui tremble » (Mialet-Barrault). Éric Fottorino décrypte dans « Marina A. » les automutilations d’une performeuse serbe comme une forme d’alerte alors qu’éclate la pandémie planétaire (Gallimard).

Hubert Haddad situe « la Sirène d’Isé » dans un sanatorium qui surplombe l’océan et a accueilli des femmes atteintes de troubles mentaux, dont beaucoup se sont jetées dans le vide (Zulma). Tahar Ben Jelloun évoque dans « le Miel et l’Amertume » la déchéance d’un couple après que leur fille a été abusée par un pédophile et s’est suicidée et leur retour à la lumière grâce à un jeune immigré africain (Gallimard). Andréï Makine, avec « l’Ami arménien », emmène aux abords d’une prison dans la Sibérie soviétique des années 1970, où se côtoient les proches des détenus et des indépendantistes arméniens (Grasset).

Marie NDiaye, dans « la Vengeance m’appartient », décrit les affres d’une avocate quand un homme lui demande de défendre sa femme accusée d’avoir noyé leurs trois enfants, alors même que son père affirme qu’il a abusé d’elle quand elle était enfant, ce dont elle ne garde aucun souvenir (Gallimard). Mazarine Pingeot, dans « Et la peur continue », confronte une femme de 40 ans à la mémoire d’un événement oublié, lié à son enfance et qui lui laisse depuis un sentiment de peur constant (Mialet-Barrault). Yasmina Reza explore dans « Serge » les liens familiaux au sein d’une fratrie de trois enfants où chacun occupe une place bien précise (Flammarion)…

 

Martine Freneuil

Source : Le Quotidien du médecin