Le Festival America et au-delà

La littérature anglo-saxonne en fête

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Publié le 17/09/2018
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L8-La mélodie

L8-La mélodie

L2-Trajectoire

L2-Trajectoire

L7-Première personne

L7-Première personne

L9-La maison de ruines

L9-La maison de ruines

L3-Des raisons de se plaindre

L3-Des raisons de se plaindre

L6-Cette maison est la tienne

L6-Cette maison est la tienne

L4-Une douce lueur de malveillance

L4-Une douce lueur de malveillance

L1-Moonglow

L1-Moonglow

L5-Miss Jane

L5-Miss Jane

Quatre lauréats du prix Pulitzer seront présents à Vincennes. Michael Chabon, qui publie « Moonglow » (Robert Laffont) : bien que fasciné par la science, le grand-père du narrateur, qui a épousé une survivante d’un camp de concentration, se demande si l’on doit accepter, au nom du progrès, que certains êtres humains paient le prix fort. Richard Russo, qui réunit dans « Trajectoire » (La Table Ronde) quatre histoires dont les héros s’empêtrent dans des crises existentielles. Jeffrey Eugenides, l’auteur de « Virgin Suicides », « Middlesex » et « le Roman du mariage », qui, dans son premier recueil, « Des raisons de se plaindre » (L’Olivier), s’intéresse aux messieurs, détaille leurs petits et grands défauts mais aussi leur charme et leur maladresse. Et Colson Whitehead, prix Pulitzer pour « Underground Railroad » (Albin Michel), paru en France en août 2017.

Dan Chaon, 54 ans, nouvelliste maintes fois récompensé et romancier, sera au festival avec « Une douce lueur de malveillance » (Albin Michel), l’un des meilleurs romans de l’année aux États-Unis : la vie confortable et heureuse de Dustin, un psychologue, est bouleversée lorsque son frère adoptif, condamné trente ans plus tôt à perpétuité, sur son témoignage, pour le meurtre de leurs parents, de leur oncle et de leur tante, sort de prison après avoir été innocenté ; l’auteur remonte le temps tandis que le héros, pour échapper à ses souvenirs, se lance dans une enquête périlleuse concernant la disparition en série d’étudiants ; une descente dans les ténèbres d’un homme submergé par ses propres contradictions et les failles de sa mémoire.

Remarqué pour ses nouvelles, Brad Watson a travaillé 13 ans sur « Miss Jane » (Grasset), son deuxième roman après « le Paradis perdu de Mercury » : l’histoire d’une enfant née en 1915 dans une petite ferme du Mississippi avec une malformation impossible à soigner à l’époque, le manque de contrôle de ses sphincters, et qui, soutenue par le médecin qui l'a mise au monde, franchira chaque étape de sa vie avec une force et un optimisme rares, dans une Amérique rurale qui subit de profonds changements.

Paru aux États-Unis comme fer de lance de la nouvelle collection dirigée par l’actrice Sarah Jessica Parker chez Random House (« SPJ »), « Cette maison est la tienne » (Calmann-Lévy) est le premier roman de Fatima Farheen Mirza, qui est née (en 1991) et a grandi en Californie : un frère et deux sœurs, réunis à l’occasion du mariage de l’une d’entre elles, convoquent leurs souvenirs d’enfance et d’adolescence entre chaleur et douleur, entre rêve américain et traditions de leurs parents nés en Inde.

D'autres écrivains de langue anglaise

Le Festival America est l’occasion de souligner que si les romans étrangers représentent le tiers du cru automnal, les traductions de l’anglais et de l’américain sont majoritaires, avec 54 %. Beaucoup de grands noms orneront les vitrines des librairies, tels ceux du prix Nobel de littérature J. M. Coetzee (« l’Abattoir de verre », Seuil), du prix Pulitzer 2011 Jennifer Egan (« Manhattan Beach », Robert Laffont), du prix Médicis essai et prix Femina étranger Julian Barnes (« La Seule Histoire », Mercure de France), etc.

Déjà disponible, « Première Personne » (Actes Sud), est le septième roman de Richard Flanagan, né en 1961 en Tasmanie, considéré comme l’un des auteurs les plus importants de sa génération. Ce récit à la première personne relate l’expérience d’un jeune aspirant écrivain sommé de rédiger en seulement six semaines les mémoires de l’escroc en col blanc le plus célèbre de l’histoire australienne, alors que le principal intéressé, paranoïaque et manipulateur, ne semble pas disposé à livrer la moindre information ; finalement, en cherchant à percer le mystère de l’homme qui lui fait face, l’apprenti romancier en vient à se demander qui il est lui-même.

Plusieurs fois finaliste du Man Booker Prize, Jim Crace, 72 ans, est l’un des plus singuliers auteurs du paysage littéraire britannique. Avec « la Mélodie » (Rivages), il signe une fable humaniste et engagée autour des migrants et autres laissés-pour-compte. Après que plusieurs personnes ont été attaquées par des bêtes féroces et que la ville crie sa peur et sa haine, une seule victime, le chanteur Mister Al, affirme que son assaillant est un petit garçon rendu fou par la faim et il appelle à la compassion.

Dans l’important contingent de primo-romanciers (64 sur 186 auteurs étrangers traduits cet automne), on retiendra Ruby Namdar, qui est né et a grandi à Jérusalem dans une famille juive iranienne et qui enseigne actuellement la littérature juive à New York. Spécialiste des textes bibliques et talmudiques, il a reçu le prix israélien Sapir pour « la Maison de ruines » (Belfond), un imposant roman juif américain dont le héros, Andy Cohen, est un séduisant universitaire qui cultive l’art d’être heureux, jusqu’au jour où surviennent des petits riens désagréables dans sa vie professionnelle, sociale et sentimentale et que de terribles visions l’assaillent, où s’entrechoquent des scènes de violence et de massacre, la destruction du Temple de Jérusalem et l’Holocauste. Un roman riche en métaphores, qui s’attaque aux questions de l’identité et de la spiritualité en mêlant humour acide et images hallucinées. 

Martine Freneuil

Source : Le Quotidien du médecin: 9686