Tout commence avec Auguste Rodin (1840-1917) et ses dessins, « la clef de son œuvre ». Il les colorie, les découpe, les assemble et cette nouvelle mise en espace évoque la sculpture tridimensionnelle. Il fera de même avec ses plâtres, associant une tête, un torse, des bras pour de nouveaux modèles. Avec 250 dessins, l'exposition « Rodin, dessiner, découper », qui ouvrira au musée Rodin le 6 novembre (1), le suit dans ses débuts, avec ses recherches sur « la Porte de l’enfer », et à la fin de sa vie sur la figure féminine, avec aussi ses feuilles érotiques.
Un enseignant libérateur
Avec l'exposition « Transmission/Transgression », sous-titrée « Maîtres et élèves dans l'atelier : Rodin, Bourdelle, Giacometti, Richier… » (2), Antoine Bourdelle (1861-1929) est vu à travers son enseignement. Il a pour maîtres Falguière et Dalou et devient en 1893, pour quinze ans, praticien chez Rodin. Il taille ses plâtres dans le marbre (« Ève ») et crée en 1900 avec lui et Desbois une brève école de sculpture.
Il est enseignant dans l’âme, dès 1890 dans son atelier et à la Grande Chaumière de 1909 à 1929. Il forme plus de 500 élèves de 42 nationalités. Seule l’esquisse est réalisée par l’artiste, ce sont les aides et praticiens qui passent du modelage au moulage en plâtre, puis à la fonte ou à la taille. À Paris, capitale des arts, son enseignement est libératoire, loin de l’académisme.
Le choix d’œuvres d'une dizaine de ses élèves qui seront aussi ses praticiens montre des styles complètement différents. Parmi les plus célèbres, Germaine Richier, qui trouvait qu’elle lui devait tout, et Alberto Giacometti, qui disait ne rien avoir appris de lui. Certaines deviennent ses modèles et la Grecque Cléopâtre Sevastos sera sa seconde femme, la gardienne de l’atelier-musée qu’il avait préfiguré.
Moderne jusqu'où ?
Au musée Maillol, avec « Giacometti, entre tradition et avant-garde » (3), l'artiste suisse (1901-1966) dialogue avec ses contemporains à travers une cinquantaine de sculptures venant de la Fondation Giacometti, qui vient d’ouvrir ses portes à Paris, reproduisant à l’identique son atelier (www.fondation-giacometti).
Avec Rodin, Bourdelle, Maillol, Giacometti partage les grands questionnements sur le portrait, qu’il allonge ou aplatit, la place du socle, qui peut même être intégrée à l’œuvre, l’inspiration de l’antique et aussi les groupes de figure. Dans ses débuts de modernité classique, il se rapproche de Despiau et Maillol. Des cubistes Zadkine, Lipchitz, il ne reprend temporairement que les formes géométrisées. La découverte des arts primitifs ne sera pour lui qu’une tentation de l’abstraction – « le Couple » est totémique –, contrairement à Brancusi et Laurens. De son passage chez les surréalistes, l’esprit demeure, dans les groupes de figures des années 1950. Les personnages debout dans « la Forêt » sont comme des troncs d’arbre. Mais « l’Homme qui marche » de 1960 fait écho au « Saint Jean Baptiste » de Rodin de 1880.
La matière inspire la forme
« Ossip Zadkine - L'Instinct de la matière » (4) : pour le sculpteur russe (1888-1967), arrivé aux Beaux-Arts de Paris après une formation en Angleterre, c’est « du dialogue avec la matière que naît le geste de l’homme ». À chacune de ses périodes, de ses débuts archaïques en taille directe à plus de fluidité lorsqu’il collabore avec les arts décoratifs des années 1930, après un court passage par le cubisme, il est au service du bois, de ses veines et nodosités, de la pierre, du bronze, et il ajoute une patine, des touches de peinture, de l’or, des incrustations. Enseignant lui aussi aux États-Unis pendant la guerre, et à la Grande Chaumière, Zadkine traverse les époques avec des thèmes récurrents, les femmes, l’oiseau, la mythologie.
(1) Musée Rodin, du 6 novembre au 24 février. Tél. 01 44 18 61 10, www.musee-rodin.fr
(2) Musée Bourdelle, jusqu'au 3 février. Tél. 01.49.54.73.73, www.bourdelle.paris.fr
(3) Musée Maillol, jusqu'au 20 janvier. Tél. 01.42.22.57.25, www.muséemaillol.com
(4) Musée Zadkine, jusqu'au 10 février. Tél. 01.55.42.77.20, www.zadkine.paris.fr
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