Saint-Exupéry, le retour ? Plutôt un succédané. Dans « le Retour du Jeune Prince » (1), le conte philosophique prend la forme d’un road movie après qu’un automobiliste a recueilli un jeune homme endormi sur le bord d’une route de Patagonie. Pendant trois jours de voyage dans ces contrées désertiques, ils dialoguent en abordant les grandes questions de l’existence, avec le désir de percer les secrets qui mènent au bonheur. Écrit en l'an 2000 et en neuf jours par Alejandro G. Roemmers, poète reconnu en Argentine et par ailleurs entrepreneur à succès, ce petit roman, traduit dans une trentaine de langues, a pour vocation de devenir un succès planétaire. Mais alors que dans l’œuvre initiale les questions existentielles étaient posées au lecteur, c’est l’auteur qui donne ici ses réponses. Avec force bons sentiments au détriment de la poésie.
Julien Sandrel a quitté le monde de l’entreprise pour écrire un premier roman devenu un best-seller mondial, « la Chambre des merveilles ». Il revient avec un récit tout aussi bouleversant, « la Vie qui m’attendait » (2). L’héroïne est une femme qui frôle la quarantaine, médecin généraliste à Paris, à tendance paranoïaque. Quand on affirme qu’on l’a vue sortir d’un service de pneumologie à Marseille, une ville où elle n’a jamais mis les pieds, elle part à la recherche de cette autre elle-même, ce double, ce sosie qui serait malade à l’autre bout du pays. Peu avare de rebondissements, l’auteur développe une intrigue fondée sur le mensonge et les liens familiaux, le voyage de cette femme engoncée dans une existence morose se transformant en désir de réinventer sa vie. Émotions garanties.
Pleine conscience
Marianne Leenart était une jeune femme qui avait « tout pour être heureuse »… et qui ne l’était pas. À 25 ans, elle souffrait d’insatisfaction et de stress chroniques, tout en se sentant coupable de ne pas savourer ses succès et sa chance. Cet état l’a conduite, après de nombreuses recherches aux quatre coins du monde et de l’esprit, à la méditation. Une expérience qu’elle transmet dans « Pas sage ! » (3), qui nous fait découvrir cette pratique autrement, à contre-courant des clichés où tout est zen et sage. Âgée aujourd’hui de 34 ans et devenue « instructrice de pleine conscience » certifiée par des diplômes, elle ouvre son carnet de voyage intérieur et dévoile, à côté des joies, « les doutes, les épreuves, les incohérences et les chutes de celui qui cherche ». Jusqu’à découvrir « une sagesse joyeusement subversive », c’est-à-dire « vivante, authentique, plus folle que sage ».
Comment réussir sa vie est aussi la question que pose David Zaoui (« Je suis un tueur humaniste »). Dans une fiction totalement déjantée, au titre soufflé par Oscar Wilde : « Sois toi-même, tous les autres sont déjà pris » (4). Son antihéros est un artiste qui, dans son HLM de banlieue et entouré d’une famille tout aussi marginale, peint « l’inconscient des animaux à travers leurs rêves »… Sans recueillir aucun succès, et alors que son conseiller Pôle Emploi le pousse à accepter des jobs alimentaires. L’arrivée dans sa vie d’un singe capucin aussi malicieux que sage (!) va le conduire à reconsidérer ses priorités, à retrouver confiance en lui et à travailler dur pour accomplir son rêve.
Vincent, 35 ans, est un professeur de tennis en passe d’acheter un appartement et de vivre en couple quand la maladie le rend aveugle en l’espace de quelques semaines. Le bonheur qu’il avait à portée de main s’en est-il allé pour toujours ? Karine Lambert (« l’Immeuble des femmes qui ont renoncé aux hommes », « Un arbre, un jour… »), sensibilisée par le sujet parce qu’elle est aussi photographe, montre dans « Toutes les couleurs du noir » (5) la descente aux enfers de son personnage, entre déni, colère et désespoir. Avant qu’il se réfugie dans la maison de son grand-père à la campagne, où il renoue avec ses souvenirs d’enfance et, avec l’aide, parfois inattendue, de certains, finira par accepter son état et par se créer une vie nouvelle. En se connectant à ses sens, à l’instant présent et aux autres, on peut survivre à la nuit.
Âgés mais pas seniors
Selon le sociologue Serge Guérin, ils sont des millions de femmes et d'hommes à avoir inventé une nouvelle attitude de vie qui les sort de la catégorie des « seniors » – ils ont 45, 50, 60, 65 ans et plus encore – pour former celle des « Quincados »(6). L’ancien quincagéné est devenu un quincado qui invente une autre façon de prendre de l’âge sans vieillir. Les quincados vivent une seconde adolescence, la maturité en plus… Au lieu de se regarder vieillir, ils mordent à pleines dents dans la vie… Ils entendent vivre le présent, pour le présent, mais pas en individualistes forcenés, plutôt en êtres humains sociables et curieux… Ce serait donc le paradis de l’âge ? « Bien sûr que les quincados ne passent pas leurs journées à nager dans le bonheur. Pas plus que les autres, ils n’évitent les drames et les larmes », tempère l’auteur. Mais ils affrontent les années avec le sourire et ils entendent décider de leur avenir. Dont acte.
(1) City Éditions, 165 p., 13,90 € (2) Calmann-Lévy, 313 p., 18,50 € (3) Flammarion, 320 p., 17,90 € (4) JC Lattès, 301 p., 18 € (5) Calmann-Lévy, 375 p., 18,90 € (6) Calmann-Lévy, 215 p., 17 €
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