* Rendons hommage à Belva Plain, qui fut une signature majeure de la littérature féminine mondiale (« les Farrell », « Tous les fleuves vont à la mer »...) et qui a disparu en 2010. Son ultime roman, « les Complaisances du cœur » (1), est un nouvel épisode de la saga des Werner. Une jeune femme, mère de famille modèle à la fin des années 1970 et qui s’est investie dans une carrière qui la comble, commence à se demander si elle doit, après dix ans de mariage, privilégier son propre bonheur ou celui de sa famille.
* « Tout ça pour quoi » (2), finaliste du National Book Award 2010, n’est pas seulement une radioscopie incisive du mariage, du couple et de la famille, mais aussi une critique acerbe du système de santé américain. Alors même qu’il est sur le point de vivre son fantasme, s’installer avec sa famille sur une île de l’archipel de Zanzibar, le héros apprend que sa femme est atteinte d’un mésothéliome. Dont le traitement, expérimental et qui pourrait prolonger la vie de quelques jours ou quelques mois, est forcément non remboursé et terriblement coûteux. Le talent de Lionel Shriver – l’auteure d’« Il faut qu’on parle de Kevin » – est de donner, dans ce contexte de mort et de calcul morbide fait par la protection sociale américaine, une histoire très émouvante.
* L’amour et la mort sont également au cœur de « l’Armoire des robes oubliées » (3), le très beau livre de la Finlandaise de 30 ans, Riikka Pulkkinen, qui met en scène trois générations de femmes et un secret de famille. L’histoire se construit autour d’Elsa, qui a été pédopsychiatre et qui préfère quitter le centre de soins palliatifs pour vivre chez elle ses derniers moments. Elle se veut légère pour l’homme qui partage sa vie depuis plus de cinquante ans, pour sa fille unique, pour sa petite-fille, pour révéler à celle-ci le secret d’une robe gardée dans une armoire et qui se révèle un secret d’amour perdu. Un roman encensé par la critique finnoise, qui rend grâce aux moindres mouvements du cœur, sans sentimentalisme.
* Un nouveau roman de Michael Cunningham (« la Maison du bout du monde », « les Heures », prix Pulitzer, « le Livre des jours ») est toujours un bonheur. Ainsi de « Crépuscule » (4), qui est d’une sombre beauté. Où l’on voit un couple idéal – la quarantaine, lui est galeriste, elle éditrice d’une revue d’art, leur fille à l’université – se déliter à l’arrivée du jeune frère de Rebecca, au charme ambigu et séducteur. Jusqu’à amener Peter à tout remettre en question, son mariage comme les artistes qu’il avait soutenus. Une interrogation sur les mystères de la beauté et du désir, sur l’art et le temps qui passe, l’amour et la mort.
* Ancien enseignant, Y. Bocaj situe aussi son récit aussi en 1970, à Orps-la-Petite, qui a tout du Clochemerle que l’on connaît. « Le Secret du docteur Mériaux » (5) raconte les tentatives drôles et libertines du médecin du village, devenu impuissant depuis la mort de sa femme, pour séduire une ravissante étudiante dont il tombe amoureux fou. Un combat en dentelles qu’il double d’un combat politique puisqu’il se présente aux élections communales afin de contrer le bourgmestre en fonction, un politicien véreux.
* Deux romans qui se déroulent sur fond de guerre témoignent que l’amour se moque des frontières. Après sa saga québécoise (« l’Orpheline des neiges » et « le Rossignol de Val-Jalbert), Marie-Bernadette Dupuy renoue, dans « les Fiancés du Rhin » (6), avec la littérature de terroir. Dans les années 1930, la fille adoptive d’un viticulteur de Ribeauvillé, en Alsace, s’éprend d’un jeune étudiant allemand. La guerre les sépare, la jeune femme mettra au monde un enfant et c’est à Paris qu’elle retrouvera son amoureux, sous l’uniforme de la Wehrmacht...
C’est sous le nom de Mackenzie Ford que le journaliste et historien anglais Peter Watson publie « Un amour dérobé » (7), qui a pour cadre la Première Guerre mondiale. Le drame se noue après que, lors d’une trêve, un soldat britannique, Hal, et un lieutenant allemand, font connaissance. Ce dernier demande à Hal de remettre sa photo à sa fiancée anglaise, afin qu’elle sache qu’il l’aime toujours. Mais, tombé sous le charme de la jeune femme, Hal va taire le message et continuer l’histoire d’amour qui appartient à un autre.
(1) Belfond, 308 p., 20,50 euros.
(2) Belfond, 526 p., 23 euros.
(3) Albin Michel, 399 p., 20,90 euros.
(4) Belfond, 300 p., 20 euros.
(5) Presses de la Cité, 262 p., 20 euros.
(6) Calmann-Levy, 784 p., 24,50 euros.
(7) JCLattès, 440 p., 22 euros.
DJ et médecin, Vincent Attalin a électrisé le passage de la flamme olympique à Montpellier
Spécial Vacances d’été
À bicyclette, en avant toute
Traditions carabines et crise de l’hôpital : une jeune radiologue se raconte dans un récit illustré
Une chirurgienne aux nombreux secrets victime d’un « homejacking » dans une mini-série