S'il est un romancier heureux, c'est bien Marc Levy, auréolé de succès depuis « Et si c'était vrai… » en 2000 et qui serait, avec 35 millions d'exemplaires traduits en 49 langues, l'auteur français le plus lu dans le monde. On peut prédire à son 17e opus un bonheur similaire. Dans « l'Horizon à l'envers » (1), ses héros s'appellent Hope, Josh et Luke et forment un trio lié à jamais par l'amitié et l'amour ; le jour où l'un d'eux est confronté à une mort imminente, ces étudiants en neurosciences mettent en œuvre leur projet de sauvegarder la conscience, de la conserver dans un logiciel puis de la transférer de nouveau. Un pari fou pour une histoire riche en émotions, qui fait passer le lecteur du rire aux larmes.
D'une autre trempe est le premier roman de l'Américain Chris Adrian (qui est aussi pédiatre), que l'on avait découvert avec un recueil de nouvelles intitulé « Un ange meilleur ». « Une nuit d'été » (2) est une libre transposition du « Songe d'une nuit d'été ». Deux hommes et une femme, qui viennent de perdre un être cher, se retrouvent par hasard dans le Buena Vista Park de San Francisco ; là même où errent Titania et Obéron, le roi des elfes et la reine des fées, inconsolables depuis la mort de leur fils. Deux mondes entrent en collision, l'un fantastique, l'autre réaliste, qui emportent le lecteur comme les protagonistes. Chris Adrian explore la puissance et le mystère de l'amour… un amour sorcier plus fort que les fées !
« Il était une lettre » (3) vaut autant par son histoire que par son contenu. L'auteur, Kathryn Hughes, est une Anglaise qui s'est mise à l'écriture après vingt-neuf années passées au Canada à élever ses enfants et à gérer l'entreprise familiale. Autoédité en 2015, le roman s'est retrouvé numéro 1 des ventes en Grande-Bretagne et est en cours de publication dans une vingtaine de pays. L'histoire est émouvante à souhait. En 1973, une jeune femme malheureuse en ménage découvre par hasard une demande en mariage dans une lettre datée de septembre 1939 et qui n'a jamais été envoyée. Elle n'aura de cesse de retrouver la destinataire de la missive, et l'enfant qu'elle portait, en espérant redonner ainsi du sens à sa vie. Ses recherches la conduiront au-delà de ses espérances.
L'amour est décidément enfant de Bohême. « Blitz » (4), récit de l'Espagnol David Trueba (« Savoir perdre »), se présente comme une sorte de coup de foudre à l'envers. Beto, parti avec son épouse assister à un congrès, reçoit par erreur sur son téléphone un message d'amour que celle-ci avait adressé à un autre. Seul à Munich, il se laisse entraîner dans le lit de son interprète allemande. Rien que de très anecdotique, si ce n'est qu'Helga a 63 ans et Beto tout juste 30. Une situation aussi dérangeante que stimulante…
Les grandes histoires d'amour n'en finissent pas. Ainsi en a décidé Angélique Barbérat, qui, après le beau succès de « Bertrand et Lola » l'année dernière, donne une suite aux amours tourmentées de ses héros. « Lola ou l'apprentissage du bonheur » (5) les surprend quand Bertrand est de retour après dix-neuf mois où il a été retenu en otage en Afrique. En dépit de leur amour, le passé s'incruste dans le quotidien du couple : des flashes ramènent Bertrand entre les mains de ses geôliers, il s'enfonce et Lola ne perçoit pas sa souffrance. Un roman sur la fragile frontière entre le couple qui se construit et celui qui se détruit, entre la passion et l'amour.
Le vide du quotidien
Les éditions Belfond ont eu la bonne idée de publier dans leur collection « Vintage » l’œuvre maîtresse d'Evan S. Connell, « Mrs. Bridge » et « M. Bridge » (6). C'est l'occasion de redécouvrir ces ouvrages publiés en 1959 et 1969, adaptés au cinéma en 1990 par James Ivory avec Paul Newman et Joanne Woodward. Evan S. Connell s'y livre à l'autopsie d'un couple des années 1930, installé à Kansas City et esclave des apparences, à travers des événements anodins de la vie quotidienne. Elle, riche, blanche et privilégiée, est écrasée par la vacuité de son existence d'épouse de notable de province ; lui est un avocat affable et béat, sans grandes aspirations, père de famille honorable qui ne comprend pas ses enfants et aime son épouse sans parvenir à le lui exprimer. De l'art de décrire une réalité grinçante avec un sens aigu du détail et de l'absurde.
L'amour ne dure pas toujours. Dans « l'Hiver dans la bouche » (7) de Frédérique Clemençon (« Traques », « les Petits »), une simple conversation de treize pages, à partir d'un reproche banal d'Antoine à Jeanne sur sa manière de s'habiller, a permis à Monsieur de mettre fin à dix-huit années de mariage. Le roman montre la détresse d'une femme de 43 ans, mère de deux grands enfants, qui part à New York à la recherche des preuves de son amour passé, de ce qui constitua leur vie commune, des raisons qu'ils eurent de s'aimer puis de se séparer. Les souvenirs heureux se mêlent aux désillusions et se pose la question de savoir s'il existe vraiment une « vie commune ».
(1) Robert Laffont, 400 p., 21,50 €.
(2) Albin Michel, 445 p., 25 €.
(3) Calmann-Lévy, 356 p., 19,90 €.
(4) Flammarion, 166 p., 18 €.
(5) Michel Lafon, 511 p., 19,95 €.
(6) Belfond, 360 et 436 p., 16 € chacun.
(7) Flammarion, 167 p., 17 €.
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