Michelangelo Merisi dit Caravage (1571-1610), connu pour sa révolution picturale de réalisme et de clair-obscur, clôture la Renaissance, même si, parfois, il emprunte à Michel Ange. L’exposition de Jacquemart-André (1) revient sur le rôle de ses mécènes, le marquis Giustiniani et le cardinal Francesco Maria Del Monte, avec l’Église, qui, dans sa lutte contre le protestantisme, veut des images éducatives.
Arrivé à Rome autour de 1592, Caravage, après un séjour dans l’atelier du Cavalier d’Arpin, trouve rapidement des commandes. Mais sa vie dans le milieu interlope l’obligera, après de nombreuses rixes et un duel fatal, à fuir à Naples en 1606. La présentation avec ses contemporains (Orazio Gentileschi, Carlo Saraceni, Annibal Carrache, Baglione) met en scène cette rupture dans l’histoire de la peinture et l’influence qu’il aura sur certains.
Ainsi, dans « Judith décapitant Holopherne » (1598), Caravage choisit le moment de l’horreur quand les autres se situent après le drame. « Le Joueur de Luth » (1596) naturel et mélancolique fera école. « Le Jeune Saint Jean-Baptiste au bélier » (1602) représente de façon inhabituelle le saint jeune, souriant, et Manfredi, un des proches du peintre en reprendra la nudité. Pilate, couvert d’un casque germanique, nous prend à témoin dans « Ecce Homo » (1605) alors qu’il demande au peuple de décider du sort du Christ. Il pourrait symboliser le protestantisme et crée une relation psychologique avec le public.
Le « Saint Jérôme » (1605-1606) est à la fois une méditation spirituelle, comme le Saint François (vers 1606), et une réflexion sur la vieillesse. Alors que Caravage quitte Rome, « le Souper à Emmaüs » (1605-1606) isole les personnages sur un fond sombre, de même que la Madeleine en extase dont le double a été découvert en 2015. Ce clair-obscur où les corps sont sculptés par la lumière fera école.
Caravage peint de la même manière les sujets profanes et religieux et, bien que passant ses nuits dans les tavernes, il est un des plus grands peintres religieux de son siècle.
La visite peut se poursuivre au Louvre avec « la Mort de la Vierge » (1606) et « la Diseuse de bonne aventure » (1595) et jusqu'à Rouen, au musée des Beaux-Arts, avec « la Flagellation du Christ » (1606).
Quant à la mort de l'artiste, rappelons que, selon une récente étude franco-italienne publiée dans le « Lancet Infectious Disease », il aurait succombé non au paludisme mais à une septicémie à staphylocoque doré.
Un protestant
L'époque est celle de la contre-Réforme. Or, contrairement à une croyance, l’image religieuse existe dans le monde réformé, comme en témoigne l’exposition du musée national de Port-Royal des Champs (2) consacré au peintre protestant de Montpellier Sébastien Bourdon (1616-1671).
Membre fondateur de l’Académie royale de peinture en 1655, il eut des commandes dans les églises et les oratoires. Ses « Œuvres de miséricorde » sont au cœur de la controverse religieuse sur les actions vertueuses, les catholiques les considérant comme méritoires, les protestants comme devant être pratiquées en pur témoignage de la grâce reçue de Dieu. Il voulait peindre comme Poussin, lui qui disait en arrivant en Italie que « Caravage était venu pour détruire la peinture ».
(1) « Caravage à Rome, amis & ennemis », jusqu’au 28 janvier. Tél. 01.45.62.11.59, www.musee-jacquemart-andre.com
(2) « Sébastien Bourdon, peintre protestant ? », jusqu’au 16 décembre, Port-Royal des Champs, Magny-les-Hameaux (Yvelines), www.port-royal-des-champs.eu
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