C'est le festival de l'après-Weinstein, lequel aurait commis à Cannes l'un des viols dont il est accusé. Alors, avec le secrétariat d'État chargé de l'Égalité hommes/femmes, on va distribuer des documents pour prévenir le harcèlement, avec la mention « Comportement correct exigé » et un numéro de téléphone (04.92.99.80.09) pour les victimes ou témoins de violences sexuelles.
La place des femmes dans le 7e art sera également évoquée et un fonds pourrait être lancé pour aider les jeunes réalisatrices à développer leurs films. Pour autant, le directeur général Thierry Frémaux se refuse à toute discrimination positive. Trois femmes seulement seront en compétition, l'Italienne Alice Rohrwacher (« Heureux comme Lazzaro »), la Française Eva Husson (« les Filles du soleil », sur les combattantes kurdes, avec Golshifteh Faharani et Emmanuelle Bercot) et la Libanaise Nadine Labaki (« Capharnaüm », un garçon de 12 ans attaque ses parents en justice pour lui avoir donné la vie).
Quant au jury, il sera comme les années précédentes paritaire (4 hommes-4 femmes), mais avec une présidente, ce qui n'est pas si fréquent, l'actrice australienne Cate Blanchett.
Du renouveau en compétition
Le festival du Cannes reste le plus réputé. Pour la 71e édition, 1900 longs métrages se sont portés candidats, une cinquantaine ont été retenus en sélection officielle, dont 21 en compétition. Pour Thierry Frémaux, c'est l'édition du renouvellement. Certes, on va retrouver Jean-Luc Godard (« le Livre d'image », qui serait une réflexion sur le monde arabe) ou des réalisateurs apparus plusieurs fois en compétition, comme le Turc Nuri Bilge Ceylan (« le Poirier sauvage », qui dure plus de 3 heures), le Japonais Hirozaku Kore-Eda (« Une affaire de famille »), le Chinois Zia Zhangke (« les Éternels »), le Sud-Coréen Lee Chang-Dong (« Burning », d'après Murakami) ou l'Italien Matteo Garrone (« Dogman »).
Mais il y aura aussi l'Égyptien Abou Bakr Shawky pour son premier long métrage (« Yomeddine », le périple d'un ancien lépreux et d'un petit garçon), le Polonais Pawel Pawlikowski, l'auteur de l'excellent « Ida », oscar du meilleur film étranger 2015 (« Cold War »), le Kazakh Sergueï Dvortsevoy (« Ayka »), le Français Yann Gonzalez, pour son deuxième film (« les Rencontres d'après-minuit », avec Vanessa Paradis en productrice de porno gay), le Japonais Ryusuke Hamaguchi (« Asako I & II ») ou encore l'Américain David Robert Mitchell, le réalisateur de « It Follows » (« Under the Silver Lake », un thriller avec Andrew Garfield).
On est heureux aussi de retrouver à l'affiche les Français Stéphane Brizé, trois ans après « la Loi du marché » (« En guerre », avec Vincent Lindon, la lutte de salariés pour sauver leur usine) et Christophe Honoré (« Plaire, aimer et courir vite », avec Vincent Lacoste et Pierre Deladonchamps, les amours d'un étudiant et d'un écrivain, à voir dès le 10 mai). Ou l'Américain Spike Lee, de retour 27 ans après « Jungle Fever » (« BlacKKKlansman », l'histoire vraie d'un policier noir infiltré dans le Ku Klux Klan en 1978).
Deux cinéastes en compétition risquent de ne pouvoir être présents sur la Croisette. Le Russe Kirill Serebrennikov, dont l'assignation à résidence vient d'être prolongée jusqu'au 19 juillet (« l'Été », autour de la rock star soviétique Viktor Tsoï ») et l'Iranien Jafar Panahi, interdit de travailler dans son pays (« 3 visages »).
On a gardé pour la fin le film d'ouverture, « Everybody knows », un thriller psychologique en espagnol de l'Iranien Ashgar Farhadi, avec Penelope Cruz, Javier Bardem et Ricardo Darin, qui sort sur les écrans dès le lendemain, le 9 mai.
Le monde et l'espace
En dehors de la compétition, le programme de la sélection Un certain regard, qui sera inaugurée par « Donbass » de Sergei Loznitsa, devrait permettre bien des découvertes. Parmi les événements que le festival distillera jour après jour, le retour de Lars von Trier, huit ans après avoir été déclaré indésirable pour des propos sur Hitler ; il signe « The House that Jack Built », avec Matt Dillon en tueur en série. On fêtera les 50 ans de « 2001 : l'Odyssée de l'espace »et l'on voyagera aussi dans l'univers avec « Solo : A Star War Stories », de Ron Howard. On parlera de la France d'aujourd'hui avec « la Traversée », de Romain Goupil et Dany Cohn-Bendit. Quant au film de clôture, ce devrait être « l'Homme qui tua Don Quichotte », de Terry Gilliam, si la justice n'en décide pas autrement en raison du différend qui oppose le réalisateur et le producteur Paulo Branco.
La Quinzaine des réalisateurs, qui fête ses 50 ans, et la Semaine de la critique, avec 11 premiers et deuxièmes films, promettent aussi bien des plaisirs cinéphiliques.
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