« Docteur Jack » et autres nouveaux films

Le médecin des bidonvilles de Calcutta

Par
Publié le 09/11/2017
Article réservé aux abonnés
Cinéma-Dr Jack

Cinéma-Dr Jack
Crédit photo : EUROZOOM

En 1965, Jack Preger, 35 ans, est fermier au Pays-de-Galles, une vie qu'il a choisie mais plus que rude. Et puis… Il raconte : « J’ai simplement eu un étrange sentiment… comme si ma tête avait été ouverte. Je conduisais le tracteur et c’était extraordinaire… cette pensée « Deviens médecin » a été mise dans mon esprit et c'était un sentiment très fort… Je ne comprenais pas ce qui se passait, mais cette pensée a été placée dans mon esprit. Puis j’ai continué à épandre le fumier et j’ai accompli toutes les tâches habituelles. Le soir, j’ai commencé à postuler pour des écoles de médecine. »

Sept ans plus tard, diplôme en poche, il travaille aux urgences d'un hôpital de Dublin quand il entend l'appel d'une ONG recherchant des médecins pour le Bangladesh. Il travaillera pendant sept ans dans les camps de réfugiés, où les conditions de vie sont terribles, avant d'être expulsé pour avoir dénoncé un trafic d'enfants. En 1979, le voici donc pas loin de là, à Calcutta, où il va créer une médecine de rue qui, pour plus d'efficacité, s'affranchit de l'accord des autorités et de l'aide des institutions.

En 35 ans, le Docteur Jack et son équipe auront soigné plus de 500 000 patients, fondé des écoles et des cliniques, combattu le sida, parmi les premiers en Inde, et la lèpre, assaini l'eau de bidonvilles, entre autres actions accomplies là où, souvent, les autres organisations humanitaires ne vont pas.

Un combat à toujours recommencer, comme le montre le film de Benoit Lange et Pierre-Antoine Hiroz. Benoit Lange a travaillé 14 ans avec Jack Preger. Il était boulanger-pâtissier, il est devenu photographe et cinéaste, consacrant à ce personnage qu'il admire son premier film. Habilement construit, amenant l'homme Preger, qui n'a accepté qu'avec réticence à être filmé, à se dévoiler peu à peu.

Un combat que le film appelle à soutenir puisque la fondation créée par Jack Preger, Calcutta Rescue, ne vit que des contributions de donateurs individuels (www.drjack.world).

À noter qu'une conférence-débat aura lieu ce vendredi 10 novembre à 14 heures à l'université Paris-Descartes (rue de l'École-de-médecine), avec Jack Preger lui-même et de nombreux intervenants. Des photos de Benoit Lange réalisées à Calcutta sont exposées du 10 au 22 novembre dans cette même faculté.

Également à l'affiche

Encore une semaine chargée. Karin Viard est divorcée et « Jalouse » dans le film de David et Stéphane Foenkinos. Catherine Deneuve et le rappeur Nekfeu, qui débute au cinéma, sont réunis, avec aussi Diane Kruger et Nicolas Duvauchelle, dans « Tout nous sépare », thriller psychologique de Thierry Klifa. Kad Merad est professeur de musique auprès d'enfants peu favorisés dans « la Mélodie ». Sandrine Bonnaire est une ouvrière qui suit son usine textile décentralisée au Maroc dans « Prendre le large », de Gaël Morel.

Côté anglo-saxon, rôle fort (et prix d'interprétation à Cannes) pour Joaquin Phoenix dans « A Beautiful Day », adapté par Lynne Ramsay (« We need to talk about Kevin ») d’un roman de Jonathan Ames : il joue un ancien combattant traumatisé aux prises avec un puissant réseau qui prostitue des adolescentes de bonne famille. Composition très appuyée et scènes brutales : le thriller, interdit en salle aux moins de 12 ans, ne fait pas l’unanimité. Selon la réalisatrice, prix du meilleur scénario à Cannes, le film doit être vécu « comme quelque chose d'expérimental, voire d'hallucinatoire ».

Shia LaBeouf et Sverrir Gudnason incarnent deux légendes du tennis dans « Borg/McEnroe », de Janus Metz, qui nous ramène à Wimbledon en 1980. Kate Winslet et Idris Elba, elle journaliste, lui médecin, se retrouvent seuls en haute montagne après un accident d'avion dans « la Montagne entre nous », d'Hany Abu-Assad.

Renée Carton

Source : Le Quotidien du médecin: 9617