Fred Hersch et Pierre de Bethmann, nouveaux CD

Le piano en état de grâce

Par
Publié le 17/02/2023
Deux pianistes, l'un Américain, en tandem avec Esperanza Spalding, l'autre Français. Une même approche : l'excellence pianistique
Esperanza Spalding, Fred Hersch

Esperanza Spalding, Fred Hersch
Crédit photo : CHRIS DRUKKER

* Certains duos piano-voix ont marqué l'histoire du jazz. Comme celui du pianiste Fred Hersch et de la contrebassiste/chanteuse Esperanza Spalding, dont l'un des grands mérites, outre ses qualités musicales et ses cinq récompenses aux Grammy Awards, fut d'être adoubée par Barack Obama. Un duo marqué d'une pierre blanche avec « At The Village Vanguard » (Palmetto Records/L'Autre Distribution). Enregistrée en octobre 2018 dans le célébrissime club new-yorkais, la rencontre entre le captivant et ultralyrique pianiste et la chanteuse s'est faite autour de standards, à l'exception de deux titres originaux. Un choix très judicieux qui offre à Mlle Spalding l'occasion de vocaliser avec une aisance pleine de swing, d'improvisation, voire de scatt, et de rajeunir certaines compositions. S'il met en valeur l'intime complicité qui apparaît entre les deux solistes, il donne une nouvelle fois à Fred Hersch la possibilité d'affirmer, avec une force tranquille mais déterminée, son immense talent d'explorateur et de créateur, tissant une toile pianistique d'une incroyable beauté, délicatesse, poésie et innovation. Le piano en état de grâce !

* Quel chemin parcouru par Pierre de Bethmann depuis ses débuts voici près de trente ans au sein du trio Prysm ! Du solo aux moyennes formations voire aux grands orchestres, le pianiste s'est frotté à tout ce qui touche aux géométries variables. Mais c'est surtout dans la formule du trio qu'il excelle et développe de multiples facettes de sa personnalité. Que l'on (re) découvre dans « Essais/Volume 5 » (Aléa/Socadisc). Pour ce dernier opus, le leader a fait appel à deux complices de très haut vol, le guitariste Nelson Veras et le contrebassiste Sylvain Romano, afin d'explorer les indémodables des répertoires américains et français, et même Beethoven, sous une tout autre approche (sans batterie). Osmose totale et d'une précision d'horloge entre les trois musiciens pour se réapproprier et réinventer ces mélodies dont certaines appartiennent à l'histoire de la musique, comme « Love For Sale » (Cole Porter), « Nobody Else But Me » (de Jerome Kern, avec P. de Bethmann en solo absolu) ou l'Opus 92, 2e mouvement de la Symphonie n°7 de Beethoven. Le trio sera les 17 et 18 février au Sunside à Paris.

    

 

  

 

 

Didier Pennequin

Source : Le Quotidien du médecin