Saint-Véran, Guillestre, l'Izoard...

Le Queyras en hiver, choix écolo

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Publié le 30/10/2020

L’isolement de ce territoire des Hautes-Alpes garantit un tourisme intimiste, loin des usines à ski et de leurs grands équipements. Terres de traditions, les villages-stations sont par nature durables et surtout authentiques. Un choix évident pour qui veut mixer sports intenses et soft, loisirs actifs et activités zen.

Entre autres activités, le traîneau à chiens

Entre autres activités, le traîneau à chiens
Crédit photo : VALLOT/OT GUILLESTROIS ET QUEYRAS

Le Queyras se mérite. Territoire naturel enclavé à l’est des Hautes-Alpes, on n’y accède l’hiver que par Guillestre et le corridor de la vallée du Guil, entre Gap et Briançon. À l’opposé, le mont Viso (3 841 m) et ses sommets voisins forment une barrière qui coupe cette enclave française de l’Italie.

Avant d’arriver, il aura fallu rouler sur l’autoroute, prendre le chemin des Alpes du Sud depuis Lyon via Grenoble et conduire encore trois heures avant de rejoindre Château-Ville-Vieille, au centre du Queyras. Pour éviter un tel trajet, il y a le TGV, jusqu’à la gare italienne d’Oulx (ligne Paris-Turin, complété par une navette routière jusqu’à Guillestre) et… le train de nuit. C’est l’un des rares à circuler en France. Quel bonheur de quitter Paris-Austerlitz le soir pour arriver au petit matin à Mont-Dauphin-Guillestre, avec la vue sur les montagnes enneigées à travers les fenêtres du wagon-lit !

Cet éloignement est la force et la faiblesse du Queyras. Faiblesse, car la région n’est pas identifiée spontanément par les Français du Nord, plus enclins à choisir les stations savoyardes. Force, car elle a ainsi préservé un cadre de vie exceptionnel autour de ses huit villages-stations à taille humaine, dépositaires de traditions vivantes.

À vrai dire, le Queyras est connu pour une commune que les gens ne rattachent pas nécessairement au territoire : Saint-Véran. Que celui qui n’a jamais entendu parler de ce « village habité le plus haut d’Europe » (2 042 m) soit condamné à y passer 15 jours de vacances ! Avec ses fontaines en bois, ses chalets mi-pierre/mi-bois (les fustes), ses cadrans solaires et ses ruelles, le bourg illustre à merveille l’identité queyrassine. Le tourisme est sa raison de vivre, mais il conserve des activités pastorales et artisanales qui permettent à 280 personnes d’y habiter à l’année. Son domaine skiable, le plus grand des quatre du Queyras (les autres sont à Arvieux, Abriès et Ceillac), est connecté à celui de Molines. Soit 36 km de pistes dégagées ou en forêt, sur plus de 1 000 m de dénivelé, avec vue plongeante vers l’Italie. Abriès, Aiguilles, Arvieux, Ceillac, Ristolas, Château Ville-Vieille…, chaque village propose des activités hivernales où le ski de piste n’est pas toujours roi.

Ski de rando et cascades de glace

Car le Queyras est aussi considéré comme une terre de ski de randonnée. En prise directe avec la nature, cette pratique engagée conduit sur des itinéraires vierges où la montagne livre son plus beau profil. Crêtes exposées, vallons vierges et forêts de mélèzes s’offrent en exclusivité aux amoureux de poudreuse. Un nouvel itinéraire a été créé cette année, la Grande Trace Izoard. Un parcours à grand spectacle via Arvieux et le col de l’Izoard, à 2 630 m d’altitude.

Le tour du Queyras par le GR58 s’effectue aussi en « ski de rando » : six jours avec un guide et cinq nuits en montagne, dont une en refuge. D’autres pratiques alternatives douces sont en terrain conquis : balades en raquettes, ski de fond et escalade sur cascade de glace à Ceillac, au Val d’Escrein, au Haut Guil et sur la structure artificielle d’Aiguilles.

L’écotourisme en Queyras, c’est aussi l’artisanat, l’outdoor et la gastronomie. Le travail du bois, de la dentelle et de la coutellerie sont gravés dans la mémoire collective. Des ateliers fonctionnent à petite échelle et on peut mesurer l’empreinte de ces activités au musée du Soum, à Saint-Véran, consacré à la vie et aux traditions d’autrefois. Le musée est géré par le Parc naturel régional du Queyras. Attaché notamment à la préservation des zones d’hivernage du tétras-lyre et au suivi des bouquetins, le parc propose une originale sortie « raquettes & raclette ». Objectif : faire fondre le fromage en pleine nature sur un feu de bois sec et d’aiguilles de pin !

Terre de petite agriculture, le territoire est fervent de produits fermiers (viandes, fromages, dont le bleu du Queyras) et de gourmandises saines (tarte aux myrtilles, glace à la fleur de mélèze, sirop de foin, à trouver par exemple à la boutique Le Plantivore, à Château-Ville-Vieille).

Dormir à 3 000 m

L’hébergement n’échappe pas à ce retour aux valeurs fondamentales. Après une ascension en ski de rando, on peut dormir à 3 000 m à l’observatoire de Château-Renard, au-dessus de Saint-Véran, et découvrir avec des astronomes la beauté du ciel nocturne. Il est aussi possible de coucher au refuge de la Blanche, à 2 500 m, après une marche en raquettes ou en ski. Au hameau des Escoyères, enfin, coup de cœur pour le gîte de charme de Pascale, seule habitante des lieux. Deux chambres et un dîner terroir vous attendent dans une ancienne école du XIXe, après une heure de marche sur une route forestière. Au plus près de la nature et des traditions.

Philippe Bourget
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Source : Le Quotidien du médecin