Depuis que l’on suit la carrière de ce pianiste qui ne laisse pas indifférent, on est passé par tous les stades, de l’admiration à l'exaspération. Admiration, pendant ses années d’apprentissage (des vidéos le montrent en master classes avec Daniel Barenboïm, Christoph Eschenbach et Nikolaus Harnoncourt), d'un excellent musicien, d’intelligence et de concentration redoutables. Exaspération plus tard, face aux performances relevant du chien savant d'un pianiste à la virtuosité débridée, jetant allégrement son bonnet de fin musicien par-dessus les moulins du marketing et du succès ; puis l’effet désastreux de ce marketing effréné, les produits enregistrés, les publicités pour Rolex… Est-ce une forme de surmenage ou de culpabilité qui est à l’origine de son arrêt forcé de quasiment deux années pour une « tendinite » du bras ? Ces problèmes moteurs n’arrivent jamais par hasard aux pianistes…
Mais voici que nous revient, reposé et apparemment calmé, un pianiste de 38 ans paraissant avoir mûri, marié et bientôt père, qui vit entre Shanghai, Paris et New York. Et s’attaquant aux « Variations Goldberg », le premier grand livre de Bach, qu’il enregistre, n’ayant jusqu’alors gravé que des pièces isolées dans des anthologies. L’édition Deluxe en 4 CD, à tirage limité, que publie Deutsche Grammophon avec une surabondance de photos, comporte deux versions de ces ineffables trente variations : l'une enregistrée en studio à la mi-mars 2020 dans la Jesus-Christus Kirche de Berlin, l'autre captée en public lors d’un concert donné dix jours auparavant dans la Thomas Kirche de Leipzig, où le compositeur exerça pendant un quart de siècle la fonction de Cantor et dans laquelle il repose. Une tournée mondiale devait suivre, interrompue après trois concerts par la pandémie.
En studio et en concert
L'enregistrement en studio a bénéficié de nombreuses prises, choisies ensuite pour constituer une version « idéale » pour son interprète. L’Aria fait craindre le pire par son parti pris de lenteur, son manque de ressort et la surabondance des ornements qui ralentit sérieusement sa progression. Mais on se rassure, car les variations se déroulent ensuite avec des tempi disciplinés, quoique parfois un peu trop complaisamment ralentis. La splendide captation de ce travail à la virtuosité superlative offre une sonorité constamment brillante, les basses étant cependant parfois un peu surexposées.
La version de concert est la plus intéressante, le pianiste étant plongé dans un contexte émotionnel intense. Sans renoncer à des prises de risque, il se montre plus spontané, certainement très inspiré par l’acoustique et la symbolique du lieu. Le récit est beaucoup plus fluide, avec moins de complaisance dans les détails. La prise de son est miraculeuse, compte tenu de la taille de l’édifice, avec un piano beaucoup moins cliniquement analysé par les micros qu’au studio. À Leipzig, contrairement à Berlin, le musicien a primé sur le pianiste, au grand bénéfice de l’œuvre.
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