Sans masque et avec pop-corn (ça se discute !) : le cinéma en salles tel qu'avant le Covid, ou presque. On pourra le goûter à 4 € la séance du dimanche 20 au mardi 22 grâce au Printemps du cinéma organisé par la Fédération nationale des cinémas français (6 000 salles). L’important étant bien sûr la qualité des films, du plus spectaculaire au plus intime.
Spectaculaire comme l'incendie qui a failli détruire la cathédrale de Paris le lundi 15 avril 2019 et que reconstitue Jean-Jacques Annaud dans le meilleur et, d'une certaine façon, le plus réconfortant des films catastrophes, « Notre-Dame brûle » (sortie le 16 mars). Conçu, explique-t-il dans le passionnant carnet de bord du film (« Notre-Dame brûle », Gründ/Pathé, avec Stéphane Boudsocq) comme une de « ces fresques épiques capables de faire revenir les spectateurs dans les salles ».
Tout n'est pas vraisemblable et pourtant tout est vrai dans les péripéties et le suspense de cette incroyable nuit et du jour qui a suivi. Le gardien néophyte ; l'alarme incendie prise pour une fausse alerte ; les jeunes pompiers, premiers arrivés sur les lieux, qui vivent leur baptême du feu ; les reliques enfermées dans un coffre dont une seule personne, qui n'est pas là, a la clef… On a beau savoir ce qui s'est passé, on tremble pour le monument jusqu'à ce que la dernière flammèche soit éteinte. Et on tremble pour les hommes bien sûr, personnages à part entière, avec chacun sa personnalité (Samuel Labarthe, Jean-Paul Bordes, Mikaël Chiriman, Chloé Jouannet…).
Annaud, qui a visionné tous les documents possibles sur la catastrophe et s'est entretenu avec tous les protagonistes, a filmé dans d'autres cathédrales (Bourges notamment) et d'immenses décors (des charpentes à faire brûler) et utilisé quelques images d'archives. On s'y croirait. C'est aussi une ode aux pompiers. Selon lui parmi les derniers à être sacralisés dans une société qui a perdu le sens du sacré. En tout cas un 14e film qui fait honneur à la carrière du réalisateur de « Coup de tête », « le Nom de la rose », « Sept ans au Tibet » et « Stalingrad » Au cinéma, on gagne à être ambitieux.
Changement de décor et d'échelle avec « Petite Nature » (déjà en salles), le deuxième long métrage de Samuel Theis après l'estimé « Party Girl ». L’histoire en grande partie autobiographique d'un garçon de 10 ans qui vit à Forbach dans un milieu populaire, auprès d'une mère à la vie sentimentale agitée. C'est le récit de ses éveils affectif, intellectuel, sexuel, en particulier à travers sa relation avec son instituteur, nouveau venu dans la région, qui lui ouvre un monde de culture jusque-là inimaginable. Le sujet était à risque, mais tout est fait avec intelligence et délicatesse autour du regard de l'enfant sur ceux qui l'entourent et de la naissance de son désir d'émancipation, de son désir tout court. Son jeune interprète Aliocha Reinert est excellent et bien épaulé par Antoine Reinartz, Melissa Olexa (une non professionnelle recrutée sur place) et Izïa Higelin.
Et aussi
Parmi les nouveautés de la semaine, on peut retenir également « Goliath », thriller de Frédéric Tellier (« l'Affaire SK1 ») inspiré de faits de réels, où se croisent une militante contre les pesticides (Emmanuelle Bercot), un avocat spécialiste du droit de l'environnement (Gilles Lellouche) et un lobbyiste de l’agrochimie (Pierre Niney). Côté rires plus ou moins subtils, une comédie policière kitsch, « Murder Party », de Nicolas Pleskof, avec Alice Pol, Miou-Miou, Eddy Mitchell, et une comédie corse, « Permis de construire », de et avec Éric Fraticelli, avec Didier Bourdon et Anne Consigny. Et encore « Women Do Cry », de Mina Mileva et Vesela Kazakova, qui dénonce le sexisme et les violences faites aux femmes en Bulgarie, d'après l’histoire personnelle de l’une des réalisatrices, qui joue également dans le film.
Outre « Notre-Dame brûle », le 16 mars apportera sa comédie, « Alors on danse », de et avec Michèle Laroque, avec Isabelle Nanty et Thierry Lhermitte. Son drame, « l'Histoire de ma femme », de la Hongroise Ildiko Enyedi, avec Léa Seydoux en femme libre d'un capitaine dans le Paris des années 1920. Son film social, « À plein temps », d'Éric Gravel, prix du meilleur réalisateur à la Mostra de Venise, section Horizons, qui a valu à Laure Calamy un prix d'interprétation pour son incarnation d'une mère célibataire perdue dans une grève des transports alors qu'elle se rend à un entretien pour le job dont elle rêve. Et son documentaire, « Cinq nouvelles du cerveau », du Suisse Jean-Stéphane Brond, qui s'intéresse aux travaux de cinq scientifiques au croisement entre le cerveau, la conscience et l’intelligence artificielle, dont Niels Birbaumer, qui travaille sur l'interface cerveau-machine pour des patients atteints du syndrome d'enfermement et met en garde contre la mainmise des grandes entreprises et des gouvernements sur les neurosciences.
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