On aurait aimé écrire : précipitez-vous ! Cependant le conseil d’aller visiter ce foisonnant monument dressé à la gloire de la littérature française et du ballet classique sera plus nuancé. Pourtant, la maison qui a été depuis l’enfance celle de Pierre Lacotte, 89 ans, chorégraphe internationalement réputé pour ses reconstitutions de chorégraphies disparues (entre autres « la Sylphide » et « Paquita ») n’a pas lésiné sur les moyens. Le projet, qui implique 400 costumes, 16 décors, 60 danseurs, une partition, un orchestre symphonique, est du quasi jamais vu au Palais Garnier. Il dépasse en ambition les superproductions de Rudolf Noureev.
On reste bien sûr admiratif devant le travail de Lacotte, qui a arrangé le roman, réalisé la chorégraphie, dessiné d’admirables costumes et décors et porté à bout de bras ce projet de toute une vie. Un pari pas tout à fait réussi, mais quelle tâche ! Beaucoup de chorégraphes des écoles anglaise (MacMillan), allemande (Cranko, Neumeier), russe (Grigorovitch) ont excellé dans le ballet narratif. Leur secret était de débarrasser au maximum la narration du décoratif. Lacotte n’a pas vraiment réussi ce grand écart. Ses personnages ont du poids, sauf le principal. On n’ira pas jusqu’à convoquer le spectre de Gérard Philipe, interprète inoubliable de Julien Sorel en 1954 dans le film de Claude Autant-Lara, mais l’incarnation détachée du jeune séminariste ambitieux, froid, passionné, qu’en donne Hugo Marchand ne convainc pas. Lacotte a aussi voulu ajouter du cinéma, trop de changements de décor et surtout beaucoup de scènes de genre qui ralentissent l’action, même si on ne peut nier que certaines, comme le grand bal, sont d’indéniables beautés chorégraphiques. On retiendra aussi la superbe incarnation de Dorothée Gilbert en Madame de Rênal et celle de Blanca Scudamore en Mathilde de La Mole. La partition musicale réalisée par Benoît Menu est un collage de musiques de Jules Massenet que menait un peu trop vigoureusement Jonathan Darlington.
Ce ballet de plus de trois heures entre au répertoire de la compagnie. L’avenir dira s’il fera autant d’usage que les grandes réalisations de Noureev, qui, depuis bientôt quarante ans pour les plus anciennes, tiennent toujours le haut de l’affiche. (Jusqu’au 4 novembre. Visible sur Culture Box)
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