Après « Trompe-la-mort » d’après Balzac (Luca Francesconi, 2017) et « Bérénice » d’après Racine (Michael Jarrell, 2018), l’Opéra de Paris poursuit son cycle sur la littérature française avec « le Soulier de Satin » de Paul Claudel, commande au compositeur français Marc-André Dalbavie, né en 1960 et dont c’est le troisième opéra.
C'était un défi colossal que de mettre en musique ce monument de la littérature théâtrale, qui relate en quatre journées et onze heures de spectacle la poursuite amoureuse dans le XVIe siècle des conquistadores et par-delà les mers, de deux nobles espagnols. Doña Prouhèze, femme d’un conseiller du Roi, vit son amour pour Don Rodrigue, Grand d’Espagne et futur Vice-Roi des Indes, sur un mode très mystico-poétique imprégné du catholicisme conservateur de l’auteur. Ramené à six heures qui passent comme un souffle, ce « Soulier » version opéra est un exploit, grâce en grande partie à Raphaèle Fleury, qui a extrait l’essentiel du drame pour un livret fluide qui mêle subtilement les parties purement théâtrales et les dialogues chantés.
Stanislas Nordey a réalisé un spectacle de toute beauté, avec une mise en scène limpide et efficace qui respecte à la lettre les didascalies de l’auteur, un décor minimaliste mais très évocateur utilisant des toiles de maîtres du Siècle d’or espagnol, des accessoires de théâtre de foire et de magnifiques costumes d’époque.
Marc-André Dalbavie a composé une musique étrange, qu’il dirige lui-même à la tête d’un orchestre admirable, convoquant des instruments des quatre continents visités, sur un mode post-atonal qui soutient le drame, lui donne un squelette robuste et qui a l’immense mérite de mettre en lumière le lyrisme de la prose claudélienne. Les interprètes sont en quasi-totalité des chanteurs et comédiens français qui ne méritent que des éloges.
Cette mise en opéra, rendue possible grâce à l’approbatur de l’Indivision Claudel, est une réussite totale, dont on conseille beaucoup le visionnage, fût-ce de façon fragmentée, pour ceux que la longueur du spectacle inquiéterait, sur www.chezsoi.operadeparis.fr et sur medici.tv à partir du 13 juin à 14 h 30. Diffusion sur France Musique le 19 juin à 20 heures.
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