« LE NOM et la chose, demeureront un monument et un avertissement à l’arrogance humaine », avait prédit l’évêque de Winchester quelques jours après la tragédie. Le prélat s’est bien trompé : jamais une telle catastrophe n’a suscité une telle fascination. À l’occasion du centenaire du naufrage de l’orgueil de la White Star Line, Belfast a transformé ses docks en parc d’attractions dédié au Versailles des mers. On avait tout dit, aujourd’hui on visite.
La titanicmania s’est installée à Belfast. C’est d’ailleurs ce que pensent les responsables de la ville. « Ce musée est notre tour Eiffel, notre Guggenheim, et c’est la possibilité pour nous de changer la façon dont les gens à travers le monde perçoivent notre ville », disent-ils. Il y a eu deux événements importants : d’abord, on a découvert l’épave. Il est donc possible aujourd’hui d’exposer des objets, et même des fragments du « Titanic ». Puis le film de James Cameron a été un succès phénoménal.
La construction du musée Titanic Belfast a été confiée à une armée d’architectes, sous la houlette de l’Américain Eric Robert Kuhne. Ce gigantesque bâtiment, qui a été installé à l’emplacement exact de la construction du paquebot, suggère quatre proues de navire en étoile – ou un iceberg ! – de la même hauteur que « le Titanic ». Il est recouvert d’aluminium en trois dimensions – près de 3 000 panneaux – avec une façade inclinée qui, en se reflétant dans les bassins d’eau, donne au monument l’impression de flotter. À l’intérieur, on revisite l’histoire du paquebot, de sa construction à son lancement, en passant par son terrible naufrage enavril1912.
On espère beaucoup de cette formidable réalisation. Et même que l’argent va couler à flot. Pour s’en convaincre, il suffit de voir les sommets atteints par les objets liés à l’histoire du « Titanic ». Le télégramme dans lequel l’équipage annonce « Nous avons heurté un iceberg » a trouvé preneur pour 27 500 dollars au cours d’une récente vente aux enchères organisée par la maison Bonhams à New York. La vente de plus de 5 500 objets remontés de l’épave (la collection proposée en un seul lot est estimée à 189 millions de dollars) a été reportée, le temps de trouver un meilleur acquéreur, qui doit s’engager à l’entretenir et à la montrer régulièrement au public, selon une décision de la justice américaine.
Les beautés de la côte.
Il n’y a pas que « le Titanic » à voir du côté de Belfast. Si cette dernière transsude l’ennui des villes industrielles abandonnées et se vautre dans une architecture très largement inspirée du mauvais goût victorien, la campagne des comtés de l’Ulster est magnifique. La côte qui serpente de Belfast aux faubourgs de Derry est une succession de rocs et de pics, de falaises déchiquetées et de promontoires vertigineux. Des pierres sans âge et des solitudes inspirées. En face, l’océan blanchi d’écume ne trouve plus d’obstacle avant le Groënland. Il y a plus de deux siècles, des villageois ont installé un curieux pont de liane pour relier la côte à Carrick-a-Rede, un gros rocher cerné par de violents tourbillons et colonisé par les pétrels et les eiders. Chaque printemps, du haut des roches, des pêcheurs audacieux capturent les saumons sauvages sur la route de leur grande migration. En été, on vient chercher un grand frisson en traversant cette frêle passerelle qui se balance à 30 m au-dessus des flots.
Au sommet des falaises plantées à l’ouest, le château de Dunluce profile des ruines happées par un vide effrayant. La tour qui donne sur la mer était l’antre d’une fée. Comme toutes les forteresses imprenables, elle a été sans cesse prise et reprise, avant de finir entre les mains des comtes d’Antrim. Mais le spectacle le plus étonnant de cette côte torturée est la Chaussée des Géants, une formidable facétie géologique, inscrite depuis 1987 au Patrimoine mondial. Des coulées de basalte expulsées des volcans pendant l’ère tertiaire ont formé ces incroyables colonnes polygonales aussi parfaitement serties qu’une muraille inca. On en compte plus de 40 000. Elles se jettent dans la mer en une succession de cascades pétrifiées. Un vaisseau de l’Invincible Armada rescapé du grand désastre vint s’y fracasser à la fin de l’été 1588. Encore une histoire de naufrage.
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