Il y a déjà dix ans que « Slava » est parti, assez vite suivi en 2012 par son épouse le soprano Galina Vichnevskaya, qui, avant de conquérir une gloire mondiale, avait été un des piliers du Bolchoï de l’ère soviétique. Installé à Paris, après son exil en 1974, en disgrâce pour avoir hébergé Alexandre Soljenitsyne, le couple faisait partie de la vie parisienne musicale et mondaine, ce qu'évoque la superbe exposition de photos qui lui est consacrée dans le foyer du Théâtre des Champs-Élysées.
Le dixième anniversaire de la mort du musicien aura été marqué notamment par une journée spéciale sur France Musique, sur Radio Classique et sur Arte, et un concert aura lieu le 4 juillet aux Rencontres musicales d’Évian. « Le Violoncelle du ciel », le coffret de Warner, avec 40 CD, 3 DVD et un livre, n’est pas la moindre des célébrations.
Le livre, somptueusement broché et de format paysage, est avant tout un bel album de photos et d’hommages. Il retrace aussi la biographie de cet artiste exceptionnel. Sa naissance en 1927 en Azerbaïdjan, où ses parents enseignaient au Conservatoire, ses études à Moscou dans la plus grande pauvreté, les échelons successifs d’une carrière fulgurante protégée par Staline, les concours de Prague, Budapest, le prix Lénine en 1964, la rencontre avec Galina, avec qui il a passé, souvent dans le tumulte, le reste de sa vie. Puis l’exclusion, l’exil, la déchéance de la nationalité soviétique signée en 1978 par Brejnev, l’immense carrière internationale, l’épisode du Mur de Berlin, au pied duquel il joua Bach en 1989, et sa réhabilitation par Gorbatchev en 1990. C’est peu avant d’y mourir en 2007 qu’il fit son retour à Moscou, où Poutine l’accueillit en héros au Kremlin pour son 84e anniversaire. C’est dire s’il a été une des figures majeures du XXe siècle musical et politique. Avec son épouse, il a aussi fondé en 1991 la Fondation Rostropovich-Vishnevskaya, basée à Washington DC, dédiée à l’amélioration des soins médicaux dispensés aux enfants du monde entier ; elle est présidée depuis 2007 par Elena Rostropovich, l’une des deux filles du couple.
Un trésor
Inutile de préciser qu’avec 40 CD et 3 DVD on tient la quasi-totalité de ce que le violoncelliste a enregistré et que l’étendue du répertoire pour cet instrument qu’il a contribué à élargir est largement couverte. Bien sûr ses piliers, « Suites » de Bach, « Sonates » avec piano de Beethoven, Prokofiev, Brahms, le « Triple concerto » de Beethoven et tous les concertos avec orchestre, de Haydn à Schumann, de Dvorak à Prokofiev. Il y a aussi et surtout toutes les créations que Rostropovich a faites d’œuvres qui lui étaient le plus souvent dédiées. Britten, Dutilleux (le fameux concerto « Tout un monde lointain » figure en bonne place), Lutoslawski, Prokofiev, Auric, Berio, Bernstein, Glière, Kabalevski, Khatchatourian, Landowski, Ohana, Pärt, Penderecki, Piazzolla, Sauguet, Schnittke, Shankar, Schedrine, Jolivet ont composé pour lui et la liste n’est pas exhaustive !
Le coffret reprend en totalité les enregistrements publiés par EMI sous l’étiquette « The Russian Years », ainsi que ce qu’il a enregistré lors de son exil en France pour le label Erato. Et un des sommets, les « Six Suites pour violoncelle seul » de Bach enregistrées et filmées en 1991 à la Basilique Sainte-Marie-Madeleine de Vézelay. Un trésor.
Une anthologie « Le Violoncelle du Siècle » en 3 CD, et un double vinyle Dvorak/Saint-Saëns, sont aussi disponibles, ainsi que l’enregistrement audio et vidéo des « Suites » de Bach jouées à Vézelay, également publiés sur vinyle.
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