Keith Richard, Louisiana Red, Cisco Herzhaft

Légende du rock, soutiers du blues

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Publié le 13/05/2019
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Jazz3-Cisco Herzhaft

Jazz3-Cisco Herzhaft

Jazz1-Keith Richards

Jazz1-Keith Richards

Jazz2-Louisiana Red

Jazz2-Louisiana Red

Il y a trente ans et quelque, les rapports entre Mick Jagger et son vieux copain des belles années des Rolling Stones, Keith Richards, étaient pour le moins tendus. Et c'est un euphémisme. « La troisième guerre mondiale » selon le célèbre guitariste, constatant une « hibernation » du « plus grand groupe de rock au monde » !

C'est alors qu'il décide d'entrer en solo en studio, conviant des invités de marques tels que Bootsy Collins (basse), Maceo Parker (ex-James Brown, saxe-alto), Mick Taylor (ex-Stones, guitare), le groupe de cuivre des Memphis Horn (ex-Stax Records) et Steve Jordan (batterie) pour graver « Talk is Cheap » (BMG/Warner Music).

Trois décennies plus tard, l'album revoit le jour, augmenté de six titres inédits. S'il n'a pas la même intensité et puissance musicale qu'un disque des Stones, il conserve l'esprit blues-rock qui a fait la marque de fabrique du groupe, avec en plus une teinte soul et funk.

Mais l'essentiel est dans les morceaux inédits (six), fortement colorés blues, l'ADN de Keith Richards. Avec une reprise d'un titre du pianiste de Chicago, Little Johnny Jones (1924-1964) et d'un autre du fameux contrebassiste/compositeur/chanteur/producteur Willie Dixon (1915-1992), « My Babe ».

Tribulations

Louisiana Red, de son vrai nom Inverson Minter (1932-2012), a connu une enfance tragique : une mère qui décède d'une pneumonie peu après sa naissance et un père lynché par le Ku Klux Klan alors qu'il est âgé de 5 ans. Marqué par ces événements, il est tout naturel qu'il épouse le blues après avoir quitté l'armée et la campagne de Corée. Et après une rencontre déterminante avec John Lee Hooker.

Il publie de nombreux albums pour Chess Records, le label de Chicago, et engrange plusieurs récompenses internationales. À l'aube des années 1980, il décide de s'installer en Allemagne, le pays où il est le plus reconnu. D'où ce « Live At Onkel Pö Carnegie Hall, Hamburg 1977 » (Double CD, Deltan/Socadisc). À la maison tout en étant loin de sa terre natale, il délivre, en solo à la guitare et à l'harmonica, une forme de blues authentique et pure, sans concession. Rehaussée par une voix aiguë mais agressive. Un bluesman à redécouvrir.

Terre de jazz, la France est aussi celle du blues. Un de ses représentants s'appelle Cisco Herzhaft. Qualifié de troubadour, de baroudeur ou de vagabond, ce fils d'horloger septuagénaire originaire de la région de Bordeaux, titulaire d'un DEA en psychologie, a appris le blues sur le tas dès sa prime jeunesse. La liste de ses influences rassemble tout le gotha de la musique dite du diable !

Et comme nombre de chanteurs/guitaristes/compositeurs de folk-blues, il est avant tout un conteur qui aime partager ses anecdotes et ses tribulations. Que l'on retrouve dans son dernier CD, le bien nommé « Son of a Watchmaker » (Blues N'Trad/Socadisc), dans lequel cet excellent technicien du manche et du verbe, accompagné notamment du pianiste de boogie-woogie Fabrice Eulry, fait un clin d'œil à l'une de ses idoles, John Lee Hooker, se confesse et évoque sa quête d'un blues éternel. À Paris le 4 juin, au Sunset.

Didier Pennequin

Source : Le Quotidien du médecin: 9749