Détroit, juillet 1967. Des émeutes éclatent, sur fond de pauvreté et de discrimination raciale, parmi les plus violentes qu'ont connues les États-Unis. Katherine Bigelow, après la guerre en Irak (« Démineurs ») et la traque de Ben Laden (« Zero Dark Thirty ») les ressuscite – en y mêlant de façon quasi imperceptible des images d'archives – avec une rare vigueur. Mais elle dépasse vite la vision globale, et très spectaculaire, pour se concentrer sur un épisode oublié. Les violences que vont faire subir quelques policiers à de jeunes Noirs non armés, prisonniers du motel où ils devaient passer la nuit, encerclé par les forces de l'ordre.
Mark Boal, coscénariste du film, qui a proposé le sujet à la réalisatrice, a retrouvé et longuement interrogé quelques-unes des victimes, dont le prometteur chanteur du groupe The Dramatics, qui ne s'en remettra jamais.
Intriquant avec finesse l'individuel et le collectif, les gros plans et les scènes de groupe, Katherine Bigelow filme parfaitement l'enchaînement des comportements individuels et des circonstances qui conduit au blocage et au drame. Elle nous enferme avec les protagonistes dans l'Algiers Motel, pour vivre presque en temps réel le suspense sanglant de cette nuit-là.
Pas de retour pesant dans le passé, pas de lourdes explications psychologiques. Nous sommes dans l'ici et le maintenant. Ce qui n'empêche pas, au contraire, de se demander s'il y a une grande différence entre les événements d'il y a cinquante ans et les problèmes américains actuels (la réponse est non).
On donne le nom de quelques acteurs, ils méritent d'être mieux connus en France : Algee Smith, John Boyega, du côté des victimes, et Philip Krauss, dans le rôle du flic raciste auquel, tient-il à préciser, il était incapable de s'identifier.
Deux heures vingt-trois au cœur de la violence. Une épreuve salutaire et cinématographiquement heureuse.
Et aussi
Quoi de commun entre Katherine Bigelow et Tonie Marshall ? Elles ont été les premières, et à ce jour les seules, femmes à conquérir le titre suprême (Oscar/César) de meilleur réalisateur (réalisateur.rice, pour ceux.elles qui préfèrent l'écriture inclusive…). La place des femmes est le sujet de « Numéro Une », dans lequel Tonie Marshall, fait d'Emmanuelle Devos une ingénieure qui va essayer de devenir la première femme à la tête d'une entreprise du CAC 40. Autre film français, « l'Atelier », de Laurent Cantet, avec Marina Foïs et des acteurs non professionnels. Un film social avec suspense, autour d'une romancière qui anime un atelier d'écriture pour jeunes en insertion à La Ciotat, dont un garçon aux idées extrémistes.
Et encore : « Coexister », comédie de Fabrice Eboué sur la cohabitation des religions à travers un groupe musical composé d'un curé, d'un rabbin et d'un imam (Guillaume de Tonquédec, Jonathan Cohen, Ramzy Bedia) ; « l'École buissonnière », de Nicolas Vanier, avec François Cluzet en braconnier, en Sologne, dans les années 1930,qui apprend la nature à un jeune orphelin.
Enfin, pour découvrir le dernier film de Dustin Hoffman, « The Meyerowitz Stories », signé Noah Baubach, ses admirateurs doivent aller sur Netflix, qui le diffuse en exclusivité à partir du 13 octobre. Les non-abonnés ne doivent pas avoir trop de regrets, car cette comédie dramatique familiale manque d'originalité.
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