Moins d’inflammation et plus de mitochondries

Les bienfaits des massages après exercice intense

Publié le 06/02/2012
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Crédit photo : BSIP

DE NOTRE CORRESPONDANTE

« CES RÉSULTATS sont importants car il existe peu de données biologiques et moléculaires dans le domaine du massage », explique au « »Quotidien le Dr Mark Tarnopolsky (Université McMaster à Hamilton, Canada) qui a dirigé l’étude publiée dans « Science Translational Medicine ».

S’il a été démontré que le massage réduit la douleur et améliore la mobilité, on ignore quels sont ses effets biologiques sur le muscle.

Pour évaluer ces effets, Crane et ses collègues ont étudié onze jeunes hommes en bonne santé qui ont accepté de faire du vélo jusqu’à l’épuisement. Dix minutes après l’exercice, une thérapie par massage était administrée de façon randomisée à l’une des deux cuisses (quadriceps). Ce massage consistait en un effleurage (2 minutes), un pétrissage (3 minutes), des percussions (3 minutes) et de nouveau un effleurage (2 minutes). Des biopsies musculaires des deux quadriceps étaient effectuées immédiatement après le massage, puis deux heures et demie après.

Les résultats démontrent que le muscle endommagé par l’exercice est sensible à un massage de dix minutes.

En effet, le massage active un signal de mécanotransduction, via les voies de signal FAK et ERK1/2, atténue l’élévation de plusieurs voies de signal dénotant l’inflammation musculaire et le stress cellulaire qui sont régulées par le facteur nucléaire kappaB (NFkappaB) et augmente le signal de biogenèse des mitochondries (PGC-1alpha).

De plus, bien qu’il n’ait aucun effet sur les métabolites musculaires comme le glycogène et l’acide lactique, le massage atténue la production des cytokines inflammatoires TNF-alpha et IL-6, et réduit la phosphorylation de la protéine du choc thermique 27 (HSP27), atténuant de ce fait le stress cellulaire résultant de la lésion des fibres musculaires.

Ainsi donc, le massage d’un muscle endommagé par l’exercice, apparaît avoir un bénéfice clinique en réduisant l’inflammation et en favorisant la biogenèse des mitochondries.

Pas d’élimination de l’acide lactique.

« Nos résultats indiquent que le massage musculaire après l’exercice entraîne une réduction d’une voie inflammatoire médiée par le NFkappaB, explique au " Quotidien " le Dr Tarnopolsky. C’est le régulateur clé de l’inflammation et du stress oxydatif et le fait que son taux soit plus bas dans le noyau immédiatement après le massage suggère fortement que le massage a réduit les voies inflammatoires. Avec cette information, nous avons également exploré les molécules de signal qui ont activé ces réponses et nous avons constaté que le massage affectait plusieurs voies, dont celles du FAK et ERK1/2. Ces protéines sont les médiateurs répondant au massage et qui, a leur tour, influencent l’expression génique. Un autre résultat important est que la plupart des individus ont l’impression que le massage peut évacuer ou éliminer les toxines du muscle, la principale étant l’acide lactique ; toutefois, nous avons constaté que la quantité d’acide lactique est exactement la même dans le muscle massé que dans le muscle témoin, ce qui réfute cette idée généralement admise. »

« Ces résultats représentent un premier pas. Il faudra déterminer quels sont les bénéfices potentiels du massage à plus long terme, souligne-t-il. Par exemple, si la voie de biogenèse mitochondriale est activée, cela prédit qu’il y aura après une certaine période une amélioration globale de la fonction mitochondriale. Puisque la dysfonction mitochondriale est associée à l’atrophie musculaire et à d’autres processus comme l’insulinorésistance, toute thérapie améliorant la fonction mitochondriale pourrait être bénéfique. De plus, l’exercice d’endurance entraîne une augmentation de la biogenèse mitochondriale, il est plausible que le massage puisse maximiser les bénéfices de l’entraînement en endurance au niveau du muscle squelettique (mitochondrie). »

De nombreuses questions.

« Ces résultats soulèvent de nombreuses questions, ajoute-t-il. Quels sont les effets potentiels chez les sujets plus âgés ? Les bénéfices sont-ils les mêmes chez les femmes que chez les hommes ? Le massage améliore-t-il vraiment la fonction mitochondriale après une période d’entraînement en endurance ? Le massage permet-il à un athlète de s’entraîner à un niveau plus élevé et de récupérer plus rapidement ? Le massage accélère-t-il la récupération d’une lésion musculaire ? » L’équipe devra laisser ces questions a d’autres chercheurs, n’ayant pas obtenu la bourse pour ces recherches.

Crane et coll. Science Translational Medicine, 1er février 2012.

 Dr VÉRONIQUE NGUYEN

Source : Le Quotidien du Médecin: 9078