« Girl », « Dilili à Paris »

Les choix des filles

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Publié le 11/10/2018
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Cinéma-Dilili à Paris

Cinéma-Dilili à Paris
Crédit photo : MARS FILMS

Une jeune fille martyrise son corps pour l'amour de la danse, comme d'autres apprenties ballerines. Mais Lara est née garçon et s'impatiente, malgré le soutien de sa famille et l'aide des médecins prêts à accompagner la réassignation sexuelle, de ne pas le voir se transformer rapidement. « Girl » est une histoire très contemporaine sur la perception du genre, mais aussi de tous les temps sur les incertitudes de l'adolescence. Elle est contée avec autant de précision réaliste que de délicatesse par un réalisateur né en 1971, le Flamand Lukas Dhont.

Même si le film comporte une ou deux scènes difficiles, il n'est pas dans la dramatisation hystérique ou militante. Ce qui intéresse surtout le réalisateur, c'est « la lutte intérieure d'une héroïne capable de mettre son corps en danger pour pouvoir devenir la personne qu'elle veut être. Une fille qui doit faire le choix d'être elle-même à seulement 15 ans, quand pour certains ça prend toute la vie. »

Dans son audacieuse entreprise, Lukas Dhont a trouvé le complice idéal, après un casting sans genre (garçons et filles) de 500 jeunes : Victor Polster, 14 ans à l'époque, élève de l'École royale de ballet d'Anvers. Il est bluffant. Ce qui lui a valu à Cannes le prix d'interprétation de la section Un certain regard, tandis que le film remportait la Caméra d'or, décernée au meilleur premier film, toutes sections confondues. Et « Girl » a été choisi par la Belgique comme candidat à l'Oscar du meilleur film étranger.

La Belle Époque

Avec « Dilili à Paris », Michel Ocelot, le créateur de Kirikou, que tous les petits connaissent, et des contes en silhouettes « Princes et Princesses », nous ramène pour notre plus grand bonheur à la Belle Époque. Si l'histoire qu'il raconte est celle d'une petite fille, son film d'animation s'adresse aussi bien aux adultes qu'aux enfants (attention, pas avant 7-8 ans). Car on a plaisir à y découvrir une centaine de personnalités de l'époque, artistes, peintres, scientifiques, etc., de Marie Curie à Santos Dumont, de Rodin à Sarah Bernhardt ou Debussy. Ils s'insèrent tous parfaitement, avec leurs œuvres, dans le récit, joli plaidoyer féministe : Dilili, métisse kanake, et son ami Arel, livreur en tricycle, vont affronter la terrible secte des Mâles-Maîtres, qui enlèvent les petites filles. Paris est aussi la vedette du film, ses monuments et ses rues photographiés et retravaillés pour s'accorder aux dessins stylisés du cinéaste. Une belle réussite.

Et aussi

Dans « Voyez comme on danse », Michel Blanc retrouve les personnages d'« Embrassez qui vous voudrez » imaginés par Joseph Connolly et se les réapproprie pour une comédie de son cru (avec Carole Bouquet, Charlotte Rampling, Karin Viard, Jean-Paul Rouve, Jacques Dutronc). Avec « l'Amour flou », Romane Bohringer et Philippe Rebbot mettent en scène sur le vif, en souriant, leur propre couple en pleine séparation. « Galveston » est un thriller américain, signé Mélanie Laurent, sur la cavale d'un petit gangster et d'une jeune prostituée (Ben Foster et Elle Fanning).

Renée Carton

Source : Le Quotidien du médecin: 9693