« LES NOCES de Figaro » datent de l’Année Mozart, quand le festival de Salzburg 2006 avait entrepris de programmer la quasi-totalité des œuvres lyriques de l’enfant du pays. La production avait été diffusée par Universal dans une monumentale édition sur DVD. Klaus Guth avait opté pour une esthétique austère, évoquant le monde bourgeois de « la Mouette » de Strindberg, avec des interventions un peu osées d’un ange qui était le double de Chérubin.
Les deux autres volets de la trilogie Mozart-Da Ponte ont été réalisés plus récemment. « Cosi fan Tutte » pour le festival 2008 et « Don Giovanni » l’année suivante. « Cosi » est situé dans un loft contemporain dont la décoration, très habile, avec des masques, notamment, participe à l’action. Les personnages sont actualisés deux siècles plus tard et, comme on a pu le voir dans de nombreuses mises en scène depuis celle de Peter Sellars dans les années 1980, cela fonctionne dans l’ensemble assez bien. L’accent est mis sur le tandem Despina-Alfonso, qui tire les cordes des deux couples. Mais, pour la première fois, on voit que les deux hommes ne sortent pas indemnes de ces jeux de l’amour et du hasard. Si Bo Skovhus est très crédible en Alfonso, la voix accuse maintenant un peu trop son usure. Patricia Petibon crée une Despina totalement déjantée et désabusée. Les amoureux sont très inégaux. Topi Lehtipuu est éminemment touchant ; Ferrando n’a jamais eu les moyens vocaux de ce rôle ; Florian Boesch s’en tire mieux en Guglielmo. Les deux dames, Miah Person, surtout, et Isabel Leonar, sont tout à fait à la hauteur pour Fiordiligi et Dorabella.
Analyses.
« Don Giovanni » déroute d’avantage. Beaucoup d’excès, certes. Est-il vraiment utile que le séducteur soit sous l’effet de l’héroïne pour justifier son comportement addictif ? L’idée a fait long feu, ayant été reprise régulièrement depuis, notamment dans le « Faust » londonien de McVicar. Simple tic de metteur en scène que l’on pardonnera d’autant plus à Guth qu’il n’est pas un de ces régisseurs allemands qui étouffent les œuvres sous des concepts et que ses analyses sont en général fines et intelligentes. Ce « Don Giovanni », qui se passe dans un paysage mi-urbain, mi-forestier, avec des costumes d’aujourd’hui, paraît au premier abord gratuit mais trouve toute sa justification au long du spectacle, notamment au deuxième acte, qui achève de donner son sens au travail de Guth. Comme dans « Cosi », quelques airs alternatifs sont réhabilités sans que cela apporte grand-chose à l’action dramatique. Le duo Don Giovanni-Leporello fonctionne très bien et va au fond des choses, grâce aux personnalités très théâtrales de Christopher Maltman et Erwin Schrott. La Doña Ana de Dorothea Röschmann domine les dames.
Dans les deux œuvres, les Wiener Philharmoniker embrasent la fosse, sous les directions, respectivement, d’Adam Fischer et de Bertrand de Billy. Il faut découvrir ces trois productions désormais accessibles grâce au DVD et qui devraient rester dans les annales du théâtre lyrique de ce début de siècle comme des classiques du futur.
« Noces de Figaro », 1 DVD Universal Mozart 22. « Cosi » et « Don Giovanni » : 2 DVD séparés EuroArts/Unitel.
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