Dans la présentation de ce travail, Elena Mascova met la problématique au point. L'allongement de la durée de la vie humaine « a fait voler en éclats les anciennes certitudes quant aux limites dans lesquelles semblent s'inscrire les principaux paramètres démographiques, tels que l'espérance de vie à la naissance ou le nombre d'enfants par femme ».
En 1928, à partir des tables de mortalité américaines, Louis Dublin estimait que l'espérance de vie maximale ne pouvait excéder 64,75 ans (elle était à cette époque de 57 ans aux États-Unis). Évitons d'accabler le lecteur de chiffres, même s'ils fourmillent nécessairement dans de telles études. Retenons cette conclusion qui pourrait donner un léger vertige : il n'y a plus à supposer de limite à la durée de la vie humaine. Un phénomène que les progrès de la médecine ne cessent de « booster ».
Ce phénomène est bien analysé par Cécile Van de Velde (sociologue, université de Montréal), qui met en évidence deux écueils. Le déni, car « la question du vieillissement nous confronte à notre finitude et cristallise les peurs sociales » ; nous sommes tentés de renvoyer tout ceci à la « fin de vie », le temps de « l'après », par définition indéfini. Et à l'inverse la passion. En même temps s'accroît l'image d'une nouvelle fontaine de jouvence, car, comme le chante Leonard Cohen, « il y a une brisure en toutes choses, c'est par là que rentre la lumière ».
Outil pluridisciplinaire et quête de sens
De manière générale, le concept de longévité est « un outil interdisciplinaire pour penser l'allongement des existences comme condition humaine et sociale en ce début du XXIe siècle et en approcher les multiples répercussions ». Il permet par exemple de repenser les répercussions de ce concept sur la sociologie de la retraite et les liens entre les générations. Il embraye directement sur les significations sociales des âges de la vie.
Une expression très liée aux travaux du philosophe Pierre-Henri Tavoillot (en particulier « Philosophie des âges de la vie », Grasset, 2007), qui interroge ici de façon très directe : « Vieillir : Pour quoi faire ? À quoi bon ? » Lui aussi articule ses propos à la notion de défi au travers de la question du sens : « Que faire de ce temps gagné sur la mort ? Quel sens donner à ce soudain allongement ? » Il faut, ajoute-t-il, « apprendre à vieillir ». Pour cela, « protéger le lien tout autant que le corps et préserver l'adulte plutôt que la jeunesse ».
* « Allongement de la vie - Quels défis ? Quelles politiques ? », La Découverte, 412 p., 26 €
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