Les héros sont des médecins

Publié le 11/09/2012
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Un hommage à Alexandre Yersin

Grand voyageur et auteur d’une dizaine de livres, Patrick Deville rend hommage, dans « Peste & Choléra » (1), à Alexandre Yersin, un disciple de Pasteur, qui, après s’être formé sur le tas, est parti en Indochine, à Dalat puis à Nha Trang, où il a multiplié les observations épidémiologiques mais aussi géographiques ou météorologiques. Il a développé là-bas l’élevage, cultivé l’hévéa et l’arbre à quinquina mais son nom demeure essentiellement attaché à la découverte du bacille de la peste à Hongkong en 1894.

Une aventure scientifique et humaine que raconte Patrick Deville en croisant les périodes et les personnages autour de la figure de Yersin.

La traversée du siècle d’un médecin

Jean-Michel Guenassia, qui avait fait sensation en publiant, il y a trois ans, « le Club des incorrigibles optimistes », un pavé de près de 800 pages qui se voulait le « roman d’une génération », n’a que peu freiné ses ambitions en racontant, dans « la Vie rêvée d’Ernesto G. » (2), la traversée du siècle d’un médecin, fils et petit-fils de médecin, né à Prague en 1910.

On voit ainsi Joseph Kaplan à Paris en 1936, externe dans le service des maladies infectieuses de l’hôpital Bichat et menant une vie de patachon, puis sous le charme d’Alger où il est en poste à l’institut Pasteur, et enfin dans les tourmentes de l’Histoire, de la Deuxième Guerre mondiale à la chute du mur de Berlin en 1989.

Mais ce qui intrigue surtout, c’est l’improbable rencontre entre Joseph Kaplan et le Che, soigné dans un sanatorium près de Prague entre mars et juillet 1966, après l’échec de sa guérilla africaine et un an avant sa mort, et les amours du révolutionnaire cubain avec la fille chérie du médecin. Un livre épique où les grandeurs et les misères de l’homme font pendant à celles de l’histoire.

Un chirurgien français en Grèce

Grand conteur devant l’Éternel, Gilbert Sinoué, qui a déjà témoigné de son intérêt pour la médecine avec notamment une biographie romancée du médecin persan Avicenne, nous dépayse une nouvelle fois dans « l’Homme qui regardait la nuit » (sortie le 26 septembre).

Le roman a pour héros un chirurgien français qui, alors qu’il était reconnu dans sa discipline, a tout quitté et s’est exilé sur l’île de Patmos. Pourquoi cet exil, et ce besoin farouche de taire son passé ? Le fait de croiser la route d’une jeune fille, paralysée sur un fauteuil roulant, va-t-il l’aider à déchirer le voile des souvenirs, des regrets ou des remords ?

Un roman sur le destin, l’exil, la passion, l’art de regarder ses peines en face sans les enfouir au point d’en mourir.

(1) Seuil, 220 p., 18,50 euros.

(2) Albin Michel, 535 p., 22,90 euros.

(3) Flammarion, 356 p., 19,90 euros.

M. F.

Source : Le Quotidien du Médecin: 9155