Avec 300 œuvres et des prêts internationaux qui font date, le Centre Pompidou retrace l’histoire du cubisme (1), un nouveau langage visuel et conceptuel entre géométrisation et abstraction, de ses débuts relativement confidentiels, avec Braque et Picasso, jusqu’en 1917.
La première étape est inspirée par l’art primitif de Gauguin, les sculptures ibériques pour Picasso (« Portrait de Gertrude Stein », 1906), et la géométrie des paysages, « le cylindre, la sphère et le cône » de Cézanne (les vues de l’Estaque de Braque). Picasso commence à travailler aux « Demoiselles d’Avignon », tableau considéré comme fondateur du mouvement. Braque répond par « le Grand Nu » de 1908. Le vocabulaire est arrêté, la perspective et le volume disparaissent au profit de formes planes, frontales, géométriques et monochromes.
Picasso et Braque sont rejoints par Derain, Fernand Léger et Juan Gris, et soutenus par leur marchand Daniel-Henry Kahnweiler. Dès 1909, les plans sont éclatés en facettes (buste de Fernande, Picasso). On arrive à la limite de la représentation (« le Guitariste », Picasso, 1910) et Braque, pour ne pas franchir ce pas et rester dans le réel, ajoute un clou réaliste en haut de « Broc et Violon ». Au cours de l’année 1911, les cubistes inventent une nouvelle forme de réalisme. Sur une grille linéaire sans perspective, des mots et des signes allusifs, Ces rébus, voyages imaginaires, signent le cubisme analytique.
En 1911, les artistes cubistes sont exposés pour la première fois, au Salon des indépendants, puis à celui de la Section d’or en 1912, avec Albert Gleizes, Jean Metzinger, Francis Picabia (« Udnie »), Marcel Duchamp. La couleur revient avec Robert et Sonia Delaunay et le mouvement dépasse la géométrisation et le rejet de la représentation.
C’est alors que Picasso et Braque innovent encore, avec les papiers collés et les assemblages (« Nature morte à la chaise cannée », Picasso, 1912). Aux jeux de texte s’ajoute celui des matières du cubisme synthétique. Apollinaire, après avoir parlé d’un « cubisme écartelé » entre des options différentes aux Salons, déclare que l’« on peut peindre avec ce que l’on voudra ». Les Salons de 1913 et 1914 s’internationalisent et font une place à l’orphisme et au futurisme, le mouvement touche aussi la sculpture (Henri Laurens) et la littérature.
Mais la guerre arrive. Duchamp-Villon, Léger partent au front. Georges Braque, blessé, en revient (« la Musicienne », 1917-1918) et Picasso amorce un nouveau tournant avec les décors et les costumes du ballet « Parade ». L’aventure est terminée, mais elle aura inspiré tous ceux qui sont à l’origine de l’art moderne, Matisse, Mondrian, Malevitch, jusqu’à Marcel Duchamp, qui en radicalise le sens.
De Sarah Bernhardt à la cause slave
S'il est presque contemporain, c’est un autre univers que celui d’Alphonse Mucha (1860-1939), né en Moravie, l’actuelle Tchéquie, qui lui aussi a inventé un style, l'Art nouveau, avant de décider, alors qu'il rencontrait un très grand succès, de se vouer à la cause slave. Rétrospective en 195 œuvres et objets au musée du Luxembourg (2).
À Paris, où il s'est installé en 1887, Mucha est d'abord illustrateur. Sa rencontre avec Sarah Bernhardt (« Gismonda ») lance sa carrière d’affichiste. Fort de ce succès, il impose son style, les formes sinueuses de femmes entremêlées de fleurs aux tons pastel incarnant l’Art nouveau. Il devient décorateur, dessine des bijoux et illustre des livres. L’Autriche lui passe une commande pour le pavillon de la Bosnie-Herzégovine de l’Exposition universelle de 1900.
Humaniste, franc-maçon, Mucha va prendre fait et cause pour les peuples slaves et rentre à Prague en 1910 pour mettre son art au service de son pays. Son style change radicalement pour devenir figuratif et épique. Il entreprend « l’Épopée slave », 20 toiles monumentales retraçant l’histoire du peuple slave, financée par l’Américain Charles Richard Crane, offerte à la ville de Prague en 1928, pour les 10 ans de l’indépendance du pays.
(1) Jusqu'au 25 février, tél. 01.44.78.12.33, www.centrepompidou.fr
(2) Jusqu'au 27 janvier, tél. 01.40.13.62.00, museeduluxembourg.fr
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