Jazz-rock
Fin des années 1960 et d’une décennie marquée par de très graves événements politiques aux États-Unis comme en Europe ou en Asie et par une certaine domination du free jazz et de ses accents libertaires en matière musicale : Miles Davis, quadragénaire, vient d’engager la révolution électrique avec l’enregistrement de deux disques clés du mouvement, « In A Silent Way » (1969) et surtout « Bitches Brew », considérés comme les fonts baptismaux du jazz-rock et du jazz fusion. « Bitches Brew » paraît en mars 1970. Pour cet enregistrement fondateur qui constitue un tournant dans le jazz et le rock, le trompettiste s’est entouré d’une pléiade de musiciens promis à un très grand avenir.
Quelques mois après la sortie de ce double LP, Miles Davis part en tournée afin de faire découvrir sa nouvelle musique au public. Entouré de Chick Corea (piano électrique), Dave Holland (contrebasse) et Jack DeJohnette (batterie), qui ont déjà participé aux sessions « Bitches Brew », auxquels s’ajoutent Keith Jarrett (orgue), Steve Grossman (saxes) et Airto Moreira (percussions), il se produit au Fillmore West de San Francisco en avril et au Fillmore East de New York en juin. En automne, Columbia sort un double LP, « Miles Davis At Fillmore », constitué d’extraits choisis des quatre soirées de concerts captés à NYC. Avec la parution aujourd’hui de « Miles Davis At The Fillmore - Miles Davis 1970 : The Bootleg Series vol. 3 » (Columbia Legacy/Sony Music), c’est l’intégralité des concerts qui est proposée pour la première fois à l’écoute, soit 135 minutes de musique inédite. Quatre CD (plus un livret extrêmement documenté signé Michael Cuscuna, historien et producteur emblématique) consacrés à chacune des quatre soirées new-yorkaises, avec en bonus tracks, la prestation californienne. Musicalement, nous sommes dans l’épreuve de force. Miles et ses hommes doivent imposer cette nouvelle musique, hypermusclée, électrique en diable, avec des rythmes binaires venus du rock, qui débouche sur un foisonnement permanent de sons, de solis parfois brefs, de phrases et de tempos vifs. Une masse sonore riche mais déroutante que le public devra apprivoiser, qui marque le tournant des années 1970 et la quête de Miles d’autres horizons musicaux. Un must absolu.
Vingt ans auparavant, le même (?) Miles est un des poulains de l’écurie Prestige, qu’il intègre en 1951, frais émoulu de l’école bebop mais déjà inventeur d’un style : le jazz cool. « Chronicle - The Complete Prestige Recordings - 1951-1956 » (Prestige/Universal) rassemble, dans un coffret de 8 CD, 17 sessions gravées par le trompettiste, éternel catalyseur, avec des jazzmen aussi prestigieux que Thelonious Monk, Sonny Rollins, Charles Mingus, Milt Jackson, Charlie Parker et John Lewis, notamment, et l’un de ses premiers quintets originaux et historiques, comprenant John Coltrane, Red Garland (piano), Paul Chambers (contrebasse) et Philly Joe Jones (batterie). Au milieu et au meilleur des années 1950, l’histoire du jazz moderne est en marche. Une étape indispensable dans la carrière d’un visionnaire.
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