Les Berliner Philharmoniker sur DVD

Les preuves de l'excellence

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Publié le 11/04/2016
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Cl-Waldbuhne

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Cl-A flight

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Cl-Gershwin

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Cl-Haitink

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Quel est le meilleur orchestre philharmonique européen ? Le décider relève de l'arbitraire. Jusqu'à un certain point. On peut dire à peu près objectivement que celui de Berlin, les Berliner Philharmoniker, fait partie du Top 3, avec ses homologues de Vienne et d'Amsterdam. S'ils bénéficient tous trois d'un écrin acoustique exceptionnel, la salle de la Philharmonie berlinoise, œuvre d'après-guerre de l'architecte Hans Scharoun (1963), est un miracle acoustique qui n'a jamais été égalé, ni même approché, en Europe.

Filmé au Festival de Baden-Baden en 2015, le concert Beethoven dirigé par Bernard Haitink est exceptionnel à plus d'un titre. Le chef néerlandais, 87 ans, a, parmi les chefs vivants, une des collaborations les plus anciennes avec les Berliner. Et la soliste, la violoniste allemande Isabelle Faust, jouit d’une très grande popularité dans son pays. Concert impeccable, avec un « Concerto en ré » au violon aérien et d'un lyrisme parfaitement contrôlé et une « Symphonie Pastorale » d'une invention et d'une fraîcheur comme on voudrait en entendre tous les jours.

Autre concert de tournée, en 2000 au Japon, où les musiciens du Berliner sont honorés comme des dieux vivants, sous la direction du chef letton Mariss Jansons, un des plus distingués de sa génération. Une autre violoniste d'exception, l'Américaine Hilary Hahn, joue une œuvre plus rare, le « Concerto n°1 » de Chostakovitch, se jouant de son extrême difficulté. La « Symphonie n°8 » de Dvořák est le plat de résistance de ce concert hautement recommandé.

En plein air

Chaque été les Berliner finissent la saison avec un grand concert populaire en plein air à la Waldbühne, une salle construite dans une forêt du nord de Berlin, qui a pour vocation d'accueillir des concerts de pop music. En 2015, l'Anglais Simon Rattle, l'actuel directeur, qui sera remplacé en 2019 par le Russe Kirill Petrenko, dirigeait un programme consacré à la musique de films, « Lights, Camera, Action ! ». L'adaptabilité de l'orchestre explose, avec des musiques aussi variées que celles d'« Indiana Jones », « ET », « Star Wars » (John Williams), « Robin des bois » (Korngold) ou « Tom et Jerry » (Scott Bradley). Pour le traditionnel final, « Berliner Luft », Rattle échange sa baguette avec celles du xylophoniste et termine le concert au dernier rang de l'orchestre !

Plus intéressante encore est l'archive de 2003, le concert tout Gershwin dirigé à la Waldbühne par le Japonais Seiji Ozawa. Ce dernier avait fait appel à un trio de musiciens de jazz américains, le Marcus Roberts Trio, que présente un documentaire en bonus : le pianiste est l'exceptionnel Marcus Roberts, ancien du quintet de Wynton Marsalis, et le batteur Jason Marsalis. Marcus Roberts donne une vie nouvelle aux deux œuvres rabâchées que sont « Un Américain à Paris » et le « Concerto en fa », y ajoutant arrangements, improvisations et cadences ébouriffantes. Il se distingue aussi dans une de ses compositions, « Cole after Midnight », donnée en bis. Seiji Ozawa dirige avec un chic inoui cette musique qui lui est une seconde nature. L'ambiance dans la Waldbühne est indescriptible !

Et aussi

Bien qu'il s'agisse d'une autre phalange berlinoise (la capitale de l'Allemagne réunifiée en compte sept de haut niveau), signalons aussi le concert du Deutsches Symphonie-Orchester Berlin, ex-RIAS (l'orchestre de la Radio berlinoise créée en 1946 en secteur américain), en 2015, sous la direction de son chef, l'Ossète Tugan Sokhiev, actuel directeur musical de l'Orchestre du Capitole de Toulouse. Une captivante « Symphonie n°2 » de Brahms, dans le cadre d'un projet baptisé « À vol d'orchestre », qui permet au spectateur d'observer les musiciens dans une spatialisation inhabituelle, à savoir une ancienne centrale électrique.

DVD et Blu-ray Discs EuroArt.

 

 

 

Olivier Brunel

Source : Le Quotidien du médecin: 9487