Une ado rebelle dans une maison de retraite, n’est-ce pas comme un chien dans un jeu de quilles ? C’est en tout cas le prétexte de « Bienvenue à Paradise Lodge » (1). Lizzie, 15 ans, se fait embaucher comme aide-soignante à mi-temps au salaire qu’elle estime très correct de 35 pence de l’heure. Il faut dire que Nina Stibbe situe son roman dans les années 1970, ce qui lui donne un cachet vintage assez plaisant. Alors même que la jeune fille découvre la face cachée et parfois rebutante du travail avec les personnes âgées et la mort, elle apprend qu’un établissement rival ouvre ses portes en ville, flambant neuf et proposant des activités attrayantes. Comment faire pour empêcher « leurs » vieux de partir ? Un bel exemple de la comédie sociale anglaise, qui se délecte des détails comiques – et parfois tragiques – du quotidien.
Sous-titré « Il n’est jamais trop tard pour se lancer », « le Voyage de Miss Norma » (2) est l’histoire vraie du road trip à travers les États-Unis d’une femme de 90 ans à laquelle les médecins proposaient une chimiothérapie et une fin de vie rapide. Accompagnée de son fils Tim Bauerschmidt et de sa belle-fille Ramie Liddle, qui signent le livre, ainsi que de son grand caniche Ringo, la nonagénaire a notamment exploré, durant le périple en camping-car qui a duré plus d’un an, le Grand Canyon, le mont Rushmore, la Nouvelle Orléans…
L’imaginaire est roi dans le premier roman de l’ex-actrice et scénariste Nicole Jamet, « l’Air de rien » (3). Le récit débute par un meurtre, perpétré par deux dames de plus de 80 ans aux airs de respectables grands-mères. C’est Luce, la plus forte, qui serrait le cou de l’homme, tandis que Chirine regardait. Elle ne ressentait ni honte, ni remords, ni culpabilité. Pourquoi ce crime ? Pour qui ? En attendant la police, elle se remémore l’histoire de sa vie jusqu’à cet ultime geste, de liberté peut-être.
Bien que l’héroïne du « Pacte d’Avril » (4) soit une jeune femme, on s’attache au rôle secondaire d’une octogénaire. Au soir de son 35e anniversaire, Avril revoit Jean, qu’elle a aimé jusqu’à leur rupture sept ans auparavant. Ils s'étaient séparés sans véritable raison et avaient conclu un pacte, se retrouver à 35 ans pour faire un enfant. Voilà donc Avril à l’heure des grands choix, elle qui a du mal à prendre une décision, conseillée par la vieille dame qui tente de la détourner de ce premier amour… avant que le destin la mette aussi face à son propre premier amour perdu. Sophie Astrabie, qui est une adepte de l’humour jeux de mots, donne une morale à son histoire : il faut aimer passionnément, quel que soit l'âge.
Face à l'Alzheimer
L’amour entre une mère et son fils est au cœur de « l'Étrange et Drolatique Voyage de ma mère en Amnésie » (5), qui raconte les derniers moments de vie de la mère de Michel Mompontet, Geneviève, atteinte de la maladie d'Alzheimer. Pour ne rien perdre de ces précieux instants, le journaliste de télévision (« Mon Œil », « Carnets d’Utopie ») a pris des notes pendant les dix mois où il l’a accompagnée, puis en a fait un livre. Au-delà d’une histoire filiale où se réveillent des fantômes et des non-dits, se dessine le portrait d’une solide Gasconne de 89 ans, qui perd la tête mais retrouve toujours les chemins de la poésie et n’a pas oublié son humour.
Dans « Bye-Bye vitamines » (6), c’est le père de Ruth, un professeur d'université, qui est atteint d’Alzheimer, et sa mère qui l’appelle à la rescousse. Comme la jeune femme, 30 ans, vient de se séparer de son fiancé, elle quitte son boulot et retourne à la maison pour s'apercevoir qu’entre son père, sa mère et son frère également paumé, elle ne sait pas qui est le plus imprévisible ! Construit autour des réflexions loufoques et intimes de Ruth, le roman de la Californienne Rachel Khong est aussi pétillant que touchant.
Sarah et Albert, unis par un amour et un bonheur de vivre hors du commun, sont deux rescapés des camps de concentration. Lorsque le couperet Alzheimer tombe sur Sarah et que ses fils décident de la placer, contre son gré, dans « la Maison Rozenbaum » (7), Albert la suit. Pour découvrir que la respectabilité de façade cache des sévices fréquents, tandis que les familles, complices ou révoltées, sont réduites au silence. Ce deuxième enfermement ravive le douloureux passé du couple, mais aussi sa résilience. Jusqu’à semer un vent de révolte qui réveille leurs compagnons d’infortune et créer un noyau de résistance. Un roman à plusieurs entrées signé Évelyne Lagardet (« Un rêve français », « Contes philosophiques de la diversité »).
(1) Fleuve, 380 p., 19,90 € (2) JC Lattès, 265 p., 20 € (3) Albin Michel, 342 p., 20 € (4) Albin Michel, 334 p., 19,90 € (5) JC Lattès, 445 p., 20,90 € (6) Les Escales, 246 p., 19,90 € (7) Plon, 445 p., 19,90 €
DJ et médecin, Vincent Attalin a électrisé le passage de la flamme olympique à Montpellier
Spécial Vacances d’été
À bicyclette, en avant toute
Traditions carabines et crise de l’hôpital : une jeune radiologue se raconte dans un récit illustré
Une chirurgienne aux nombreux secrets victime d’un « homejacking » dans une mini-série