Au nord, grande nature et rencontres secrètes

Les richesses du Costa Rica

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Publié le 05/03/2021
Depuis longtemps, les touristes profitent dans ce pays de forêts d’une richesse animale et végétale inouïe. Les provinces d’Alajuela et de Guanacaste offrent en prime des lagunes, des villages amérindiens et une côte Pacifique intimiste.
Lagune de Caño Negro

Lagune de Caño Negro
Crédit photo : PHILIPPE BOURGET

Parc national du volcan Tenorio, un matin de février. La pluie tropicale s’abat sur le massif à l’heure où j’entame la randonnée forestière avec le guide naturaliste français Bertrand Ducos de Lahitte. La pluie chaude imbibe mes vêtements mais je suis subjugué par la végétation. Arbres géants, arbustes grimpants, lianes-troncs... La brume nous joue aussi de mauvais tours. Je ne verrai pas les trois dômes du volcan, culminant à 1916 m d’altitude. Je ne verrai pas non plus d’animaux. Ici se trouvent pourtant l’oiseau-soleil, le tapir et le mystérieux jaguar. Peu importe. Le plaisir est dans la marche sur ce chemin de pluie qui remonte le long de la rivière Céleste, qu’un phénomène chimique fait subitement passer du marron au bleu… quand le soleil brille.

Je ne regrette pas le manque d’animaux au Tenorio. Pendant les deux jours précédents, j’ai eu ma dose. Je suis allé à l’extrême-nord du pays, là où la province d’Alajuela vient buter sur la frontière du Nicaragua. Le Caño Negro est le nom de ce territoire de lagunes où tous les oiseaux et reptiles du Costa Rica semblent s’être donné rendez-vous. Une sorte de bayou costaricien, que l’on découvre en bateau.

Fin connaisseur, Bertrand Ducos de Lahitte fait la leçon de choses. Là, avant d’embarquer, un couple de jabirus, rare et grand échassier blanc et noir à collerette rouge, perché sur un ceiba. Ici, sur le rio Frio, des cassiques de Montezuma marron et jaune, des aningas au cou élancé , des échassiers d’Amérique, une spatule rose, des singes hurleurs, un lézard vert « Jésus-Christ » (ainsi appelé car il a la faculté de marcher sur l’eau). Et des caïmans à la pelle, « endormis » sur les berges, même pas distraits par notre présence ni celle des campesinos en barque rejoignant un champ ou un village voisin.

Une communauté amérindienne

Une autre surprise m’attend à San Rafael Guatuso, petite ville d’Alajuela. Parmi les six tribus amérindiennes présentes au Costa Rica, je suis convié à rencontrer la plus confidentielle. Les Malekus ne sont plus que 1 200 et savent leur avenir condamné. C’est justement pour ça qu’ils se sont ouverts aux visiteurs, afin que leur culture perdure. Cheveux noirs sur les épaules et peau cuivrée, Jimmy me montre l’habitation en bois utilisée jadis par la communauté. Il m’entraîne en forêt, histoire de « tester » quelques plantes. Je goûte le suc sécrété par la tige d’une feuille inconnue. Aussitôt, ma lèvre et ma langue sont sous anesthésie. « C’est une plante que nous utilisons pour soulager les douleurs dentaires », dit Jimmy. Suivent une démonstration de sculpture sur calebasses et une représentation théâtrale en langue ihaica. Les Malekus mériteraient un musée.

Si le Tenorio et le volcan Arenal (cône parfait, grands hôtels-resorts à ses pieds) sont connus des voyageurs, c’est moins le cas du parc national Rincón de la Vieja. Toujours plus au nord, ce massif volcanique juxtapose en un raccourci unique forêt humide et… savane. « L’un des seuls endroits au Costa Rica où l’on peut voir ce phénomène », explique Bertrand. La raison tient à la présence (ou pas) de l’eau. Côté rivières, des arbres immenses, à l’image des ficus étrangleurs. Côté sec, des gommiers, frangipaniers et arbres « secs », fréquentés par les sténosaures (iguanes). Le tout avec les vapeurs d’eau et les boues brûlantes venus des tréfonds de la terre.

Reste un dernier cadeau : le littoral Pacifique. Si le bord d’océan est touristique grâce à une panoplie d’hôtels tout confort, il en va autrement de l’arrière-côte. En buggy, je grimpe sur les hauts plateaux. Terre des sabaneros (cow-boys à cheval) et des haciendas, elle est sillonnée de chemins tracés entre les enclos à zébus. L’une des pistes s’arrête au bord de falaise : la vue soudain ouverte sur le Pacifique est l’un des plus beaux panoramas qu’il m’ait été donné de voir.

Philippe Bourget
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Source : Le Quotidien du médecin