Une musique qui traverse le temps

Les seniors se rebiffent

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Publié le 01/04/2019
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Jazz-Randy Brecker

Jazz-Randy Brecker
Crédit photo : DR

Jazz-Branford Marsalis

Jazz-Branford Marsalis
Crédit photo : ERIC RYAN ANDERSON

Jazz-Oncle Po

Jazz-Oncle Po

Dans la famille Marsalis, originaire de La Nouvelle-Orléans, il y a Ellis (pianiste), le géniteur, 84 ans, Wynton, trompettiste, 57 ans, le plus connu, Delfeayo, tromboniste, 53 ans, Jason, batteur, 42 ans, et Branford, saxophones, 58 ans, l'aîné des frères.

Dans un monde où tout s'accélère, Branford Marsalis poursuit, avec un certain bon sens, les formules qui ont fait sa réputation et sa marque de fabrique. Il collabore depuis deux décennies avec des fidèles, Joey Calderazzo (piano), Eric Revis (contrebasse) et Justin Faulkner (batteur), le petit dernier, qui lui assurent une vision musicale à la fois stable et parfois très expansive.

« The Secret Between The Shadow And The Soul » (Okeh/Sony Music), son dernier CD, affiche ouvertement cette alternance. La solidité et surtout l'homogénéité de son quartet permettent au leader –  qui reste un véhément technicien hors pair déplaçant des montagnes et un compositeur émérite ancré dans l'esprit jazz – d'alterner des pièces surchauffées et d'autres plus subtiles et paisibles.

Chez les frères Brecker, après la disparition en 2007 de Michael (saxophone/EWI), Randy (trompette/bugle), 73 ans, ancien membre du groupe emblématique de rock-jazz Blood, Sweat & Tears, des Jazz Messengers d'Art Blakey et d'Eleventh House de Larry Coryell, est un peu le gardien qui entretient la flamme. Qu'il ravive énergiquement dans « Rocks » (Jazzline/Socadisc), album rassemblant ses compositions écrites entre 1970 et 1990, quand le binôme des Brecker Brothers était à son apogée.

Associé pour l'occasion à une autre figure emblématique du jazz fusion, aux allures plus lisses, l'altiste David Sanborn, 73 ans, la ténor/soprano Ada Rovatti, et surtout avec le soutien dynamique, accrocheur et extrêmement vigoureux du NDR Big Band (un grand orchestre très recherché et symbolique, dont la formation à la radio de Hambourg remonte aux années 1950), le leader étale avec talent une belle rétrospective de ses années de braises, revues avec fraîcheur et spontanéité.

Chez l'oncle Po

Entre 1970 et 1986, l'Onkel Pö's Carnegie Hall fut le club symbolique de Hambourg. Durant toutes ces années, il a accueilli les jazzmen les plus représentatifs d'un style conventionnel, des maîtres du « mainstream ». Qui ont fait l'objet d'enregistrements inédits, comme ce « Timeless Allstars » qui ramène en 1982 (Jazzline/Socadisc).

Composé de Bobby Hutcherson (vibraphone), Harold Land (saxe-ténor), Curtis Fuller (trombone), Cedar Walton (piano), Buster Williams (contrebasse) et Billy Higgins (batterie), ce sextet de pointures intemporelles pratique un solide et robuste jazz post-bop, qui semble appartenir définitivement à l'histoire, mais est surtout un ravissement pour les oreilles. Une musique qui conserve toute sa pertinence. Jubilatoire !

Didier Pennequin

Source : Le Quotidien du médecin: 9737