Deux Norvégiens, un Suédois

Les sons du Nord

Publié le 07/04/2014
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Crédit photo : DR

Jazz-rock

À l’aube des années 2000, le trompettiste norvégien Nils Petter Molvaer était considéré comme l’un des pionniers d’un nouveau genre capable de réaliser la symbiose parfaite entre le jazz et la musique électronique, rapidement baptisé électro jazz. Celui qui avait fait ses premières armes vingt ans auparavant, chez des pairs comme Jon Christensen (batterie) et Arild Andersen (contrebasse), venait, à la tête de son groupe, Khmer, de remettre le jazz dans l’air (l’ère ?) du temps. Au fil des ans, le leader n’a jamais cessé pourtant de chercher et d’innover, poursuivant la quête de nouvelles approches musicales, entre acoustique, électrique et électronique. Aujourd’hui, ce maître des paysages musicaux vient de sortir « Switch » (Okeh/Sony Music), un très beau CD dans lequel, en compagnie de six autres têtes chercheuses, il explore sons, rythmes et tempi électro-acoustiques, à travers des compositions originales dans lesquelles la trompette à la fois complexe et évanescente assoit son règne avec une certaine élégance.

Contemporain de son compatriote, avec qui il avait formé un groupe dans les années 1990, le pianiste-claviériste Bugge Wesseltoft est aussi un pionnier nordique d’une « nouvelle conception du jazz », aux confins de musiques et de cultures diverses particulièrement prisées des jazzmen européens. Son dernier projet, « OK World » (JazzLand/Universal), s’inscrit dans cette direction. Associé à Josemi Carmona (guitare, Espagne), Shrikant Shiram et Vivek Rajagopalan (multi-instruments et percussions, Inde), Khaled Yassine (percussions, Liban), Amadeu Cossa (percussions, Mozambique), Martam Saleh (chant, Égypte) et Georges Nehme (chant, Liban), il mélange allègrement les genres et les racines multiples afin de créer une musique gaie et ouverte, parfois hypnotique et à forte tension. Un monde étonnant, riche et original, où se côtoient plusieurs communautés musicales.

Le guitariste suédois Ulf Wakenius s’est taillé une sacrée réputation grâce à son travail auprès de pointures comme Oscar Peterson, Herbie Hancock, son alter ego Pat Metheny et surtout, plus récemment, pour son tandem avec la chanteuse Coréenne Youn Sun Nah. Pour son dernier album, le bien nommé « Momento Magico » (ACT/Harmonia Mundi), le virtuose a décidé de se produire en solo, accompagné uniquement de guitares acoustiques. Et de rendre hommage, au travers de compositions originales, à ses mentors, à ses amis, à ses pairs, à ses influences musicales multiples et à ses origines scandinaves. Sans oublier une belle reprise de « la Mer », de Charles Trénet. De rares et beaux moments d’une vie consacrée à la musique et à la création.

Didier Pennequin

Source : Le Quotidien du Médecin: 9316