Romans à suspense

Les sueurs froides de l’hiver

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Publié le 06/02/2017
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L-Gymnopédie

L-Gymnopédie

L-Canicule

L-Canicule

L-Johnny Porter

L-Johnny Porter

L-Version officielle

L-Version officielle

L-Brutale

L-Brutale

L-Les Filles des autres

L-Les Filles des autres

L-En pays conquis

L-En pays conquis

En pleine actualité, « En pays conquis » (1), de Thomas Bronnec, se situe dans une République où le Président est à gauche et l’Assemblée à droite. Une cohabitation gangrenée par la nécessité de gouverner avec l’extrême-droite, après que le président de la Commission des comptes de campagnes s’est « suicidé ». L’auteur est un journaliste qui nous avait déjà réveillés avec son thriller politico-économique « les Initiés ». Il nous plonge au cœur d’un paysage politique en pleine déliquescence, l’enjeu étant la place de la France en Europe, avec des conseillers plus attachés à des lobbies qu’aux intérêts de l’État.

De Manhattan à des structures secrètes enfouies sous les montagnes des Catskills et sur une île secrète du Pacifique, « Version officielle » (2), de James Renner (« l’Obsession »), vise à percer le mystère du Grand Oubli, une gigantesque conspiration chargée de dissimuler les véritables événements de la Deuxième Guerre mondiale. Question : est-il préférable d’oublier notre plus grande erreur, ou de se la rappeler pour ne plus jamais la commettre ?

Un adolescent s’est pendu. Son père biologique, un Maori, vient voler sa dépouille afin de lui offrir des funérailles dans le respect de la tradition, tandis que l’homme qui l’a élevé veut qu’il soit enterré sur les terres de sa propre famille. « Sous la terre des Maoris » (3), de Carl Nixon,est un thriller violent et un portrait sans concession de la Nouvelle-Zélande, autour du deuil et de l’amour de la terre.

« Johnny Porter et le secret du mammouth congelé » (4) inaugure le versant Noir de l'excellente collection Belfond Vintage. L’ultime roman de Lionel Davidson (l’auteur d'« Un Tchèque se barre », mort en 2009), nous entraîne dans une course-poursuite à travers la taïga sibérienne sur fond de guerre froide et de délires staliniens, alors qu’un scientifique joue les apprentis sorciers avec le cadavre d’une femme vieille de 40 000 ans.

Disparitions

Les disparitions sont au cœur de plusieurs intrigues psychologiques. Dans « le Saut de l’ange » (5), Lisa Gardner, n°1 du suspense aux États-Unis (« la Maison d’à côté »), imagine qu’après un accident de voiture une femme ne se souvient de rien, sauf que sa fille, qui était avec elle, a disparu. Or son mari prétend que l’enfant n’a jamais existé…

Premier roman de l’Américaine Amy Gentry, « les Filles des autres » (6) a pour thème le retour dans sa famille d’une jeune femme, dix ans après qu’elle a été enlevée dans sa chambre à l’âge de 13 ans. Mais sa mère est assaillie de doutes…

Après trois romans policiers situés en Guyane, où il a travaillé, Colin Niel nous conduit, avec « Seules les bêtes » (7), quelque part dans la montagne, où de rares fermes isolées sont encore habitées. Une femme a disparu, les gendarmes n’ont aucune piste mais les hommes du causse se savent liés à ce drame et délivrent tour à tour leur secret.

En cours de traduction dans plus de trente pays, le premier roman de Fiona Barton, « la Veuve » (8), est un récit à la construction machiavélique. Une petite fille a disparu et le mari d’une certaine Jane Taylor est montré comme le suspect principal. Même s’il a été acquitté, même après sa mort, Jane reste traquée, au nom de la vérité.

Ce n’est pas l’action qui manque dans « Brutale »  (9), le nouveau polar de Jacques-Olivier Bosco, dont l’héroïne est une jeune et jolie femme, flic indisciplinée et violente dans la journée, justicière sans scrupule qui cogne les méchants la nuit. Quand sa nièce est kidnappée par des psychopathes qui opèrent entre la Tchétchénie, la Belgique et la France et qui enlèvent des jeunes vierges pour les vider de leur sang, ses pulsions de violence et de mort ressurgissent, parfois au mauvais moment.

« La Peau des anges » (10), cinquième roman de l’auteur et réalisateur danois Michael Katz Krefeld, est le premier tome d’une série mettant en scène Ravn, un ex-inspecteur dépressif et alcoolique depuis le meurtre non élucidé de sa copine. La découverte, dans une casse automobile, d’un cinquième « ange blanc », une jeune femme au corps décharné et blanc comme du marbre, le mène jusqu’à Stockholm sur les traces d’un taxidermiste détraqué. Un premier pas dans le monde des laissés-pour-compte des sociétés scandinaves.

Le troisième roman d'Ahmed Tiab, qui vit dans le sud de la France, « Gymnopédie pour une disparue » (11), est à la fois un voyage initiatique, un polar et une réflexion sur l’actualité. Enfant abandonné, Boris, après avoir rencontré Oussa, un jeune de banlieue, part à la recherche de sa mère et d’un supposé frère parti faire le Djihad. Leur périple les conduit en Algérie, à Oran, d’où l’auteur est originaire, où ils croisent son héros récurrent, le commissaire Kémal Fadil, qui enquête sur une série d’assassinats sous couvert de rituels de sorcellerie maghrébine. Autant d’intrigues mêlées qui se décryptent harmonieusement au son de la musique d’Erik Satie.

Coup d’essai et coup de maître, « Canicule » (12), le premier roman de la journaliste australienne Jane Harper, est en cours d’adaptation au cinéma. À la demande du père de son ami d’enfance, qui a tué sa femme et son fils avant de retourner l’arme contre lui, Aaron Falk revient dans la ville qu’il avait fuie vingt ans auparavant, après la mort d’une jeune fille dont ils étaient proches tous les deux. Les questions qu’il pose ne plaisent pas aux membres de la petite communauté, éprouvée par une sécheresse sans précédent, et le secret qu’il a gardé pendant si longtemps risque d’éclater.

 

(1) Gallimard, 228 p., 16 €
(2) Super 8 Éditions, 488 p., 21 €
(3) Éditions de l’Aube, 328 p., 22 €
(4) Belfond, 678 p., 18 €
(5) Albin Michel, 471 p., 22 €
(6) Robert Laffont, 326 p., 19,50 €
(7) Rouergue, 212 p., 19 €
(8) Fleuve, 410 p., 19,90 €
(9) Robert Laffont, 404 p., 20 €
(10) Actes Sud, 391 p., 23 €
(11) Éditions de l’Aube, 275 p., 19,90 €
(12) Kero, 395 p., 19,90 €

Martine Freneuil

Source : Le Quotidien du médecin: 9553