Le festival de Cannes

Les visages du 70e anniversaire

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Publié le 15/05/2017
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Cannes-Affiche

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Cannes-Cotillard-Gainsbourg

Cannes-Cotillard-Gainsbourg
Crédit photo : J.-CL. LOTHER/WHY NOT PRODUCTIONS

Cannes-Nicole Kidman

Cannes-Nicole Kidman
Crédit photo : FOCUS FEATURES

Cannes-Happy End

Cannes-Happy End
Crédit photo : FILMS DU LOSANGE

« Joyeuse, libre, audacieuse », Claudia Cardinale est l'image du 70e Festival, avec une affiche au fond rouge et or, les couleurs de la célébration. La photo a été prise en 1959, peu importent les retouches, c'est le mouvement d'un art qui ne cesse de se renouveler.

Une autre Italienne, Monica Bellucci, sera la maîtresse des cérémonies d'ouverture et de clôture, les 17 et 28 mai (retransmises en direct et en clair sur Canal+). Elle est à l'affiche de la saison 3 de « Twin Peaks », dont la présentation de 2 épisodes, en présence de David Lynch, sera l'un des événements du festival.

Pour l'ouverture, un beau duo français, Charlotte Gainsbourg et Marion Cotillard, pour « les Fantômes d'Ismaël », d'Arnaud Desplechin, présenté hors compétition, qui sortira le même jour dans les salles.

Autre comédienne attendue, Marine Vacth (« Jeune et Jolie »), qui retrouve François Ozon pour « l'Amant double », l'un des 19 films en compétition (sur près de 2000 proposés à la sélection), un suspense psychologique et érotique que l'on pourra découvrir dès le 26 mai (une jeune femme tombe amoureuse de son psy). Et on ne manquera pas la désormais habituée Adèle Haenel, dans « 120 Battements par minute », de Robin Campillo, qui évoque la lutte contre le sida et le mouvement Act-up au début des années 1990.

Quatre fois Kidman

Nicole Kidman se distingue une nouvelle fois avec pas moins de quatre productions dans la sélection officielle. Dans deux films en compétition : « les Proies », de Sofia Coppola, dont Thierry Frémaux, délégué général du festival, jure qu'il ne s'agit pas d'un remake du film de Don Siegel avec Clint Eastwood ; et « Mise à mort du cerf sacré » du Grec Yorgos Lanthimos. Dans un film hors compétition, « How to talk to girls at parties », de John Cameron Mitchell. Dans la série de Jane Campion « Top of the Lake », saison 2.

Côté masculin, on retrouvera à son corps défendant – il n'aime pas Cannes – Jean-Louis Trintignant dans « Happy End » (titre à ne bien sûr pas prendre au premier degré) de Michael Haneke, lequel brigue ainsi, qu'il le veuille ou non, une troisième palme, après « le Ruban blanc » et « Amour ». Tourné entre Calais et Dunkerque, avec aussi Isabelle Huppert et Matthieu Kassovitz, cet instantané d'une famille bourgeoise européenne, sur fond de crise des migrants a pour exergue : « Tout autour de nous le Monde et nous au milieu, aveugles. »

Vincent Lindon, prix d'interprétation 2015 pour « la Loi du marché », est de retour sur la Croisette dans le rôle de Rodin, filmé par Jacques Doillon, tandis que Louis Garrel incarne Jean-Luc Godard pour Michel Hazanavicius (« le Redoutable », d'après le récit d'Anne Wiazemski).

Et des vedettes américaines : Colin Farrell (« les Proies » et « Mise à mort du cerf sacré »), Dustin Hoffmann (« The Meyerowitz Stories », de Noah Baumbach, pdistribué  par Netflix), Robert Pattinson (« Good Time », de Benny et Josh Safdie), Joaquin Phoenix (« You Never Will Really Here », de Lynne Ramsay), Jake Gyllenhaal (« Okja », du Coréen Bong Joon-ho).

Entre le reste de la sélection officielle (hors compétition, séances spéciales, section Un certain regard), la Semaine de la critique, la Quinzaine des réalisateurs, il y aurait encore beaucoup d'autres noms à égrener. Claude Lanzmann (« Napalm », sur la Corée du Nord) et Vanessa Redgrave (« Sea Sorrow », sur les réfugiés et ceux qui les aident) parlent des horreurs du monde. Mathieu Amalric signe « Barbara », sur la chanteuse, incarnée par Jeanne Balibar. Juliette Binoche cherche un amour dans « Un beau soleil intérieur », de Claire Denis, d'après « Fragments d'un discours amoureux », de Roland Barthes. Bruno Dumont explore la jeunesse de Jeanne d'Arc dans « Jeannette », un film musical à la BO électro-pop-rock ! Sans oublier Alejandro G. Iñárritu, qui présentera « Chair et Sable », un film-expo-installation en réalité virtuelle.

Dans les salles

Plus que jamais, le festival interroge les limites du cinéma. En programmant réalité virtuelle, séries, productions des plates-formes de téléchargement, les organisateurs explorent le langage des images. Pour « Twin Peaks » et « Top of the Lake », la justification est facile : « On ne montre pas deux séries, on donne des nouvelles de deux grands cinéastes faisant partie de l'histoire du Festival », dit Thierry Frémaux à l'AFP. Pour les deux films en compétition présentés par Netflix (« The Meyerowitz Stories » et « Okja »), c'est plus compliqué, car la plate-forme de vidéo à la demande refuse de les sortir en salles (en vertu de la loi française, il faut un délai de trois ans entre la sortie en salle et la diffusion en ligne). Du coup, le règlement du festival a été changé : à partir de 2018, tout film qui souhaitera concourir en compétition devra s'engager à être distribué dans les salles françaises. Malgré les prouesses technologiques du home cinéma, on n'a encore rien trouvé de mieux, pour apprécier le 7e art, que le plaisir partagé des salles obscures ! 

Renée Carton
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Source : Le Quotidien du médecin: 9581