COMME pour le jazz, les chanteuses monopolisent – avec plus ou moins de succès – le téléchargement, les bacs des disquaires, les ondes et les écrans dans les styles les plus divers. Parmi celles-ci, Lucie Bernardoni. La toute jeune femme – elle est née en février 1987 – est un pur produit de la téléréalité musicale. Après avoir fait un premier essai dans l’émission « Graines de Star », sur M6, puis un passage d’animatrice radio, elle est révélée en 2004 grâce à la « Star Academy 4 », où elle arrive en finale face au regretté Grégory Lemarchand. Plus récemment, elle a fait le buzz sur la toile avec un clip torride et très explicite sur le titre phare de son album, produit par les internautes, « Mélancosmique » (AKA Music/Sabam/Universal), « Juste mon homme », à côté duquel Madonna, Mylène Farmer ou Lady Gaga sont des nonnes. Hormis ce bon coup de pub, la chanteuse à la voix particulièrement cristalline, qui écrit tous ses textes, propose un disque court (10 titres en 30 minutes) avec l’amour pour fil conducteur, dépeint avec des mots simples et directs. Tout à fait dans l’air du temps.
L’amour, la vie, le temps, la société, il en est également question dans le disque de Patrica Loué (1), « la Bête humaine » (Bac à sable Production/Rue Stendhal). Ex-journaliste, ex-membre des cabinets des ministères des Affaires étrangères, de la Défense et de la Culture, ex-globe-trotteuse, aujourd’hui peintre, poétesse et slameuse, elle s’est lancée dans le métier il y a près d’une dizaine d’années. Son style : le slam. Ou comment raconter et réciter des histoires en jonglant avec les mots et un vocabulaire riche et cultivé (pas du tout celui des cités !) sur fond de musique électro, jazz ou hip-hop acoustique. Son CD regroupe tous ces ingrédients et nous fait découvrir une femme multiple, sensuelle et hypnotique, dotée d’une voix chaude et envoûtante.
Changement de style et de ton avec Sophia Charaï (2). Une jeune femme originaire du Maroc, diplômée d’architecture en France, où elle est arrivée à 17 ans, mariée à un guitariste/producteur (Mathias Duplessy), photographe à ses heures. Élevée dans le jazz et la soul – elle écoutait John Coltrane, Stan Getz, Duke Ellington ou Aretha Franklin– aussi bien que dans la musique traditionnelle orientale, elle se dit « bohémienne dans l’âme ». Une bohème qui se retrouve dans son nouvel album, « Pichu » (Emarcy/Universal), où se mélangent racines marocaines, accents jazzy, musiques du monde (flamenco, Inde), voire musique classique. En français et en arabe marocain, elle raconte des histoires et des souvenirs sur une musique-carrefour, principalement acoustique. Un grand écart artistique.
Une démarche singulière et particulièrement actuelle que l’on retrouve dans la personnalité musicale d’Elina Duni. D’origine albanaise – elle est née à Tirana en 1981 –, élevée en Suisse, où elle s’est installée avec sa mère en 1992 après la chute du régime communiste totalitaire, cette jeune chanteuse/vocaliste relativement minimaliste dans son expression, a fait du patrimoine traditionnel de l’Europe du sud-est (Albanie, Roumanie, Grèce, Kosovo, Bulgarie) son matériau d’exploration, comme le démontre son second CD, « Lume, Lume » (« Monde, monde ») (Meta Records/Codaex). Accompagnée d’un trio piano-basse-batterie chevronné, elle s’est ainsi plongée dans les racines balkaniques de sa jeunesse et de sa culture multiple, le tout appuyé par des accents et des rythmes jazzy. Une chanteuse jazz/world loin du formatage actuel.
(1) Paris, La Reine blanche, 9 février.
(2) Paris, Le China, 16 février ; Café de la Danse, 16 mars.
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