L’HISTOIRE d’Elias, qui échoue un jour sur une côte grecque et va vivre mille épreuves en direction de Paris, n’est pas celle de Costa-Gavras. Mais lui qui, il y a plus de cinquante ans, a quitté son pays natal pour la France, se reconnaît dans son personnage. Avec son coscénariste Jean-Claude Grumberg, lui-même fils d’immigré, il a voulu qu’Elias « soit la quintessence de tous ceux qui, pour survivre, sont obligés de partir ».
Pour autant, rien de théorique dans le film. Dès la deuxième scène, quand Elias atterrit sur une plage de nudistes, on sait que l’on va aussi bien sourire de ses mésaventures que compatir à ses peurs. On est même, parfois, pas loin du burlesque. C’est ce qui donne son originalité à cette dénonciation, qui ne dit pas son nom, du sort trop souvent réservé aux immigrés dans les sociétés européennes, France comprise.
Le spectateur est en fait conduit à voir ces sociétés avec les yeux du naïf Elias, qui ne parle que quelques mots de français, et ne peut donc pratiquement pas communiquer par le langage. Ses rencontres se partagent entre ceux pour qui la chasse aux clandestins est quasiment un sport et ceux qui manifestent de la compassion, mais seulement jusqu’au moment où leur confort est menacé, c’est-à-dire, en gros, la plupart d’entre nous.
Portraits savoureux, légèreté. On effleure le drame, on ne l’oublie pas, mais il y a de l’espoir, des lumières qui brillent. Et le regard d’Elias (excellent Riccardo Scamarcio, vu notamment dans « Nos meilleures années » et « Mon frère est fils unique »), qui croit toujours à la terre promise.
› RENÉE CARTON
DJ et médecin, Vincent Attalin a électrisé le passage de la flamme olympique à Montpellier
Spécial Vacances d’été
À bicyclette, en avant toute
Traditions carabines et crise de l’hôpital : une jeune radiologue se raconte dans un récit illustré
Une chirurgienne aux nombreux secrets victime d’un « homejacking » dans une mini-série